Rejouer en boucle

16 03 2023

On a parlé de tout, sauf de nous. Le périmètre qui nous entourait, s’éloignant lentement du centre, plus les mots défilaient. On était là, pas très longtemps, six heures à peine, pour une toute première fois. On s’est dit ce que l’on fait, d’où on vit, de qui nous entourent, de qui est disparu. Disparus non sans laisser de trace dans nos vies, mais sans faire de blanc non plus dans nos conversations. On s’est parlé de musique, de cinéma, de voyage, de bouffe. Comme tout le monde. On s’est parlé de tout et de rien. On s’est regardé en silence. Tu m’intimidais. L’intensité de ton regard perçait cette coquille de mon coeur fragile. Je te laissais faire, tout en te dévoilant l’effet que tu avais sur moi. Je te regardais en retour, intensément, avec ce désir puissant d’arrêter le temps, cet instant. Suspendre le temps, pas le moment, qu’il dure pour toujours. Toi et moi, là. Nos conversations n’ayant plus vraiment d’importance que de combler ici et là le vide incontrôlable de nos regards déjà bien remplit. On a caressé nos âmes en douceur, sous le regard d’une clientèle qui n’existait pas pour nous. On a parlé de tout, sauf de nous, parce que l’on se connaissait déjà.