Choisir

24 03 2023

Il faut choisir, choisir entre quoi et choisir pourquoi? Un dilemme qui reste en plan pour l’instant, un dilemme qui devra ne plus en être un, à court ou moyen terme. Un choix qu’on veut baser sur un bonheur de vie, un certain équilibre. J’ai besoin de me réaliser, d’apporter une différence, de me sentir utile dans mon emploi. J’ai besoin de rire avec les gens avec qui je le fais, j’ai besoin d’avoir la tête tranquille quand le sifflet sonnant la fin de la journée se fait retentir. J’ai besoin d’une certaine sécurité dans le futur de ce que je fais, ne pas me sentir dans un siège éjectable. J’ai besoin d’apprendre, chaque jour, quelque chose de nouveau, parce que seul l’apprentissage nous garde en vie. J’ai besoin de partager mon vécu, celui des autres, apprendre d’être humain en continu.

Il y a cet emploi que je fais déjà, qui n’apporte aucune tranquillité sinon que celle financière. Salaire élevé, assurances, fond de pension, actions, boni de performance sont au menu. C’est excessivement payé pour ce qui est fait. C’est excessivement payer parce qu’on ne sauve pas de vie, parce qu’on fait une différence qui est toute financière, nécessaire pour certains. Responsable de l’endettement, aucunement dans la priorité de base de l’humain moyen. Un poste dans lequel je n’éprouve presque plus aucun plaisir, sinon de côtoyer une équipe fantastique, à laquelle je peux consacrer de moins en moins de temps. Parce qu’il faut faire plus avec moins, parce qu’on demande de s’améliorer sans les moyens pour y arriver. Parce qu’on ajoute des joueurs qui nous disent quoi faire, comment le faire, parce qu’eux le savent bien comment ça fonctionne, mais n’est pas là en majorité pour mettre la main à la pâte. Des équipes de transformeurs qui ne transforment rien sinon l’envie de quitter par leur tableau de bord toujours aussi générique pour démontrer qu’on a besoin d’eux, mais qui ne sont pas là pour nous, sur le terrain. Un train en route où les gens tombent malades, quittent en pleine route, ne sont pas remplacés. Tout ça pour faire le plus possible avec le moins possible, respecter le budget, les délais, les attentes de gens qui ne savent même plus ce qui se passe en bas, dans la cour de ceux qui font arriver les choses. Je sais que c’est comme ça pour beaucoup de travail. Je ne suis pas le seul dans cette situation, mais je suis celui qui se pose la question aujourd’hui. Je suis donc malheureux, mais en sécurité (financière). Parce que la sécurité mentale, on repassera. Le volume de tâches ne cessant d’augmenter sans que la quantité de personnel s’ajuste à tout ça. Des gens qui quittent, qui ne sont pas remplacés rapidement, qui ne font qu’augmenter la charge de stress, mais de travail aussi. On nous vend que l’humain est la priorité. On ne sait plus si les gestionnaires s’en souviennent. Quand le message est: c’est pareil pour tout le monde, on voit bien que la priorité n’est plus l’humain, mais la livraison. Ceci est au profit des gens qui tombent comme des mouches, des assurances qui sont débordées parce que quand ce n’est pas un, c’est l’autre. Et quand les gens ne quittent pas pour maladie, ils abandonnent leur poste, l’entreprise, leur gestionnaire, pour un monde qu’ils croient meilleur.

Et cette job qui rend heureux, elle existe? Cela faisait longtemps que je n’avais eu cette flamme qui s’allume à l’idée de faire quelque chose de bien. Je me questionne depuis des mois déjà pour savoir ce qui serait bien pour moi. J’ai tenté des cours, j’ai tenté quelque chose de nouveau, j’ai tenté de ne pas me perdre dans les méandres de ce que ce poste me donnait de bien. Je me suis perdu tout de même, après tant d’années. Le feu qui se trouvait dans mes yeux s’est éteint, doucement, sans prévenir. Mon cerveau s’est débranché, une journée comme les autres, qui accumulaient l’insomnie au même rythme que les priorités s’empilaient. Des mois où je me disais, l’enseignement, peut-être, j’ai le bagage, l’envie, la flamme pour le faire. Puis les astres s’alignent lentement, d’un rêve nait une réalité qui va trop vite, trop vite pour mon confort. Devenir enseignant, c’est possible. Faute de ne pas être dans la rue, je compare, on compare toujours ce que l’on a à ce que l’on a pas. C’est un peu absurde qu’un travail où il manque tant de personnel, tant d’enseignant ne puisse pas garantir de temps à un nouveau professeur qui a envie de s’investir. J’ai l’impression de devoir fermer mes yeux, de me lancer dans le vide, sans savoir si on a attaché mon élastique à ma taille. Le domaine m’intéresse, j’ai envie,e j’ai le feu, j’ai ce vertige rendu en haut, de ne pas trop savoir comment tout ça se déroulera, l’inconnu plus au niveau de la stabilité qu’au niveau du défi en tant que tel. On me donnerait un contrat… 1- 2 an pour commencer, j’irais les yeux fermés, même si le salaire est un tier moins que ce que je fais aujourd’hui. On a tous des obligations, mais on mise tous aussi sur notre bonheur, ce qui rend cette décision très difficile.

La suite, je ne la connais pas encore.