F

12 04 2020

Fragile fractal de fleurs se fracasse dans le froid. Friable, les femmes futées mais frigide feignent un frisson. Fatalement fatiguées, elles fuient le frère funambule en faisant face au fainéant full de fric. Sa féminité fait face au faible front féministe qui faibli par manque de focus. Ses formes fondent sans fin, sa faim fond informe. Femme, fait fit de foi et fonce enfin. La famine n’a fait que figée le forcené qui fracassait ta fragilité. Fais toi féline furieuse et frappe fort le phallocrate où il le faut.





Famine

28 04 2019

Faim. J’ai toujours faim. Toujours soif aussi. Je bois pour oublier que j’ai faim. C’est une bonne raison, parce qu’il en faut toujours une raison, on aime s’en donner. J’ai rien de quelqu’un qui mange pas, personne s’en doute, sauf quand on pose des questions, je ne mens pas. Je n’en parle pas, mais je ne m’en cache pas. Les gens ne comprennent pas, il me regarde et ne savent pas, ne peuvent pas savoir. Je ne mange pas parce que j’ai eu une indigestion, ça surprend parfois, mais c’était une grosse indigestion. J’ai un passé indigeste, qui ne se réduit qu’à des souvenirs lourds sur l’estomac. Peut-être que je mangeais trop vite, trop souvent. Que je ne mâchais pas assez, je prenais pas mon temps, des fois ça passait de travers, je m’étouffais, ça prenait toujours un temps à me remettre. Là, j’ai juste décidé d’arrêter de manger. D’un excès à l’autre si on veut, ça souvent été comme ça dans ma vie. Je sais que la famine ne me fera pas mourir, elle me rend parfois juste triste. Je pleure de faim, comme on meurt de faim. C’est pour ça aussi que je n’écris pas, parce que ça prend une raison et quoi de mieux que la faim? Je me souviens des belles années que je mangeais à pleine bouchée, l’indigestion me tenant éveiller, je pouvais écrire, jour après jour sans même fermé un oeil, sinon deux. Aujourd’hui, juste l’idée du repas me fait fuir. À pleine jambe, même si je n’ai jamais goûter, j’aime mieux ne pas prendre de chance, j’en ai assez pris déjà. Je me dis que je pourrais peut-être pas mourir comme ça, du moins je suis en train de vieillir comme ça, à chaque jour qui passe, je me souviens des ces années où je sais pas si c’était plus simple, de juste pas me poser de question, et de mordre à pleines dents. À l’aube d’un autre printemps, je me dis qu’il serait peut-être temps que je m’alimente mieux tout simplement.





Je t’ai cherché

26 03 2018

Je t’ai cherché sans le savoir vraiment. Je t’ai trouvé par hasard, d’un premier regard. Tu ne me regardais pas, du moins pas en même temps, la magie de cette vitre qui nous séparait. Puis je t’ai aimé, beaucoup, tout d’un coup, au complet, en un instant, sans vraiment me demander pourquoi, seulement parce que je le savais, comme chaque fois, je me trompe rarement. Je le sais, simplement parce que je le sens, c’est comme ça. Je n’ai rien demandé, parce que je demande rien, je me satisfais, simplement parce que c’est moins difficile après, quand le temps passe, quand le temps casse. Je n’ai pas vu venir ce coup-ci, ce coup-là dans la gueule, je n’ai pas compris ce qui s’est passé, j’ai attendu, encore et encore, que tu reviennes… sans nouvelles. Je ne t’ai plus cherché, je savais que t’existais, quelque part. J’ai juste attendu, encore et encore, jusqu’à se que mon corps se détériorise, espérant que ce serait ma mémoire qui flancherait en premier, ou mes pores qui ne cessent de te réclamer, mais ça n’a rien donné. Le temps ne fait que le prendre trop souvent. Il me laisse las à chaque fois. Il me fait me questionner sans arrêt. Puis je finis toujours par y comprendre pourquoi je t’ai cherché, sans vraiment le savoir, pourquoi je t’ai laissé filer, sans que je puisse serrer les doigts assez fort pour te retenir encore.





Être

12 02 2018

De tout mon être, je suis. Je suis seul et las. Je suis déçu et fatigué. Je suis triste. Je suis tout ce que j’ai souhaité être sans être ce que je n’ai pas voulu. J’ai été sûr de moi, sûr de mes valeurs, sûr de mes convictions et de mes motivations. J’ai toujours été comme ça. J’ai toujours dit les choses, sans voile, sans ombre, brut. Je ne suis pas une brute, mais je suis brut. Je suis toujours dans une certaine vérité, une vérité certaine, à me demander si je fais la bonne chose, si je ne fais pas fuir les gens, parce que je suis, par qui je suis. Je n’ai pas l’ombre d’une malice, pas l’ombre d’un opportuniste, je ne fais qu’être ce que je suis. Je suis un passé, un présent et un futur. Un passé décomposé, un présent indulgent, un futur imparfait. Je suis né hier, vivant aujourd’hui et mort demain. Je suis chaque jour ce que je peux de mieux. Je prends les uns comme ils sont et les autres, je ne les connais pas. Je rêve de pouvoir être sans avoir à me soumettre. Je rêve de ne pas avoir à changer pour ne pas échanger. Je reste convaincu, mais encore vaincu de ne pas pouvoir être pour l’autre ce que je suis. Je reste insatisfait, suis insatisfaisant face à celui que je ne suis pas. Je reste. Seul à me demander si un jour je pourrai, simplement être, qui je suis, car je ne suis rien d’autre que cet être, là et maintenant las.





Fusion

7 01 2018

Se fondre, ne faire qu’un. Renaitre par le fruit de ce que l’on n’est pas. Donner naissance à l’autre, par hasard, mais surtout par envie. Mon système s’affole simplement à l’idée de te quitter, que pour une seconde, un temps, un respire. Puis j’ouvre les yeux et tu es toujours là près de moi. Dans ce silence monastique, nos bouches ne se parlent plus, nos mains nous cherchent, nos lèvres se touchent, pour se rassurer enfin. Je peux être ce que je suis enfin, sans fin, sans jugement sans peur. Je peux dormir tranquille lors que ton respire me berce jusqu’au matin. J’ai l’impression qu’on ne fait qu’un seul être, un être qui apprend plus vite, qui s’apprend souvent, qui se découvre chaque fois. J’ai l’impression d’avoir retrouvé ce que je cherchais depuis toujours. J’ai l’impression de m’être trouvé moi, de t’avoir fait une place, car tu m’as laissé la même dans ton coeur. Je n’ai peur de rien, je crois que je me suis laissé aller dans tes bras sous tes baisers. Je te désire chaque moment qui passe, le temps n’existe plus, mais la vie passe vraiment trop vite. Je mettrais tout sur pause, car je n’ai jamais assez de temps pour apprécier celui que je passe avec toi.





À qui tu mens?

27 03 2017

À qui tu mens? Oui c’est à toi que je parle. Toi qui es quelqu’un et personne à la fois. Toi qui es tous, mais qui ne te reconnais pas, peu ou jamais. Je te croise partout, au travail, dans la rue, dans les bars. Je te vois partout, garçon, fille, c’est vraiment sans importance. Je te vois, te rencontre depuis que j’ai l’âge de me souvenir qu’un couple existe, depuis l’âge d’être allumé par le couple, depuis l’âge que je rêve de rencontrer la femme de ma vie, juste une, une seule. Le temps avance, 25 ans depuis le début de ce que je me souviens, surement plus, mais je trouve que c’est un bon départ. Je me questionne sur ce que je fais pour ne pas que ça marche, je ne suis pas moche, je ne suis pas croche, je ne suis pas celui-là qu’elle cherche. Je suis l’autre, celui d’en attendant. Je suis brillant, allumé, peut-être un peu trop là par moment pour l’autre. Je suis un passionné, j’aime faire pour l’autre tout ce qui est en mon pouvoir pour la faire sourire. Je me suis peut-être cultivé un plant d’amertume depuis ce temps. Un plan d’amertume silencieux, qui s’accroche dans ce que je suis, qui grandit, où je ne parle jamais, comme si c’était tabou, depuis le début. Au début c’était comme ça, moi j’étais là, une troisième roue qui suivait, je ne sais même pas pourquoi je suivais. Jeune, j’ai toujours eu peur qu’on ne m’aime pas, qu’on me laisse pour contre, alors l’opportunité faisait que je suivais. J’ai suivi dans cette maison où je te perdais toi et ta copine, celle de la Rive-Sud parce qu’on sait très bien qu’il y en avait deux autres ailleurs qui t’attendais aussi. Moi j’en voulais juste une qui aurait pu m’aimer. Je n’ai peut-être rien compris. Ça, c’était juste toi, t’as grandi et tu n’as pas changé d’un poil. Je me demande même si ce n’est pas un peu la cause de ta séparation, là-bas on ne peut pas tout savoir, on a une version, la distance, le silence. Cette conversation que tu avais eu pas longtemps après ton mariage, me disant qu’il ne fallait pas que tu reviennes en ville, que tu ne serais pas capable de t’en empêcher…

Ça, c’était toi, mais vous êtes des centaines, je n’aurai jamais assez de vie pour tous vous compter. Ce qui m’impressionne le plus, c’est que vous vous croyez. Vous vous croyez quand vous mentez, « Je l’aime ma blonde! », 3 bières plus tard, la main d’une « amie » se balade partout sur le corps de l’autre. « Ma blonde je peux y faire confiance, je sais que ce n’est pas le genre qui va draguer tous ses clients », peut-on se dire que t’as manqué de faire en sorte que je te crois. Je crois que moi j’ai de la misère avec le mensonge. Dis-moi que tu es en couple ouvert, dis-moi que tu es incapable de pas tromper ta blonde, dis-moi rien. Laisse moi croire, qu’il y a une fille quelque part qui peut dormir sur ses deux oreilles parce que son copain l’aime elle. Et c’est vrai pour l’autre côté aussi, je parle des gars, mais ça vaut pour l’autre sexe. Je parle des gars parce que c’est eux qui me parlent. Je n’ai pas de problème avec la liberté, j’ai un problème avec le mensonge, celui qu’on me fait à moi, mais celui qu’on fait au reste de la planète. Des fois je me dis… et si je parlais, et si je disais juste la vérité. J’ai l’impression que je ferais juste partager ma désillusion avec le reste de l’univers, je me demande si j’irais bien après.

J’ai toujours dit à mes amis que s’ils m’impliquaient dans leur mensonge, je ne mentirais pas. J’ai toujours dit que je dirais la vérité, je n’ai jamais eu à répondre, mes amis savent que je suis honnête quand je dis ça.

Je me suis imposé une trop grande rigueur. Je déteste la phrase « Toute vérité n’est pas toujours bonne à dire. », j’aime mieux parler au risque de blesser les gens un instant, puis que ça passe. Je vis mal avec le mensonge. Des fois, toutes ces histoires me font demander si je ne suis pas jaloux. Je n’ai jamais trompé une de mes blondes, je n’ai même jamais trompé mes amies de lit. C’est plus fort que moi d’être qu’à une seule femme. Aujourd’hui, je suis amer. J’ai juste envie de crier à l’injustice. Je ne suis pas un super-héros, mais je me dis que j’aimerais que les gens arrêtent simplement de se mentir. Les gens devraient allez vers un peu plus d’intégrité, ils seraient peut-être plus heureux. Je me demande ce que je peux faire, et mon impuissance me brûle énormément.





Friable

15 11 2016

Fragile, je suis usé par le temps, tout me fait craquer, mais pas de la bonne façon. Je ne craque plus pour le sourire, le regard, l’odeur. Je craque et me démantibule, laissant à plat les mandibules, plus de mots, plus d’idées, plus d’envie. L’impression de me décomposer, comme étaler dans ce bac à me composter. Je ne peux oublier. Les gens cherchent, moi je n’oublie pas. Les gens se trompent, moi je me trouble à rester là. J’ai envie de me sauver avant d’être réduit en poussière, l’impression que mes pas se désagrègent plus j’avais dans ce vide immense. Les matins sont lourds, les soirs si lointains. Je regarde mon lit, il est trop tôt. Je n’ai plus envie d’écrire. Je le fais que pour ne pas perdre la main, en me disant que demain tout ira bien, tout ira bien mieux, tout sera comme c’était avant. Mes mêmes mes vieux souvenirs se sont dissociés de moi, je ne suis plus ce que j’étais. J’ai un seul souvenir, celui d’être seul, comme si c’était hier, comme si c’était maintenant. J’ai perdu l’empathie envers mes amis, momentanément, surement. J’ai qu’envie de la serrer dans mes bras, juste une dernière fois, la serrer si fort et me volatiliser en poussière. Je me berce de musique triste, en espérant que seuls mes tympans survivront le choc friable de ma vie. Je ne revis que des fragments, que des segments, sans avoir envie d’autre chose, d’autre part, d’autres figures pour me dire… tout ira bien, car c’est faux. Si tout allait bien, je le saurais, je le sentirais, je le verrais au fond de mon miroir éclaté reflétant de mon image dissocié. Je me perds dans les fines fissures, les mille morceaux ne formant qu’un moi incomplet, un moi fissuré par le temps et la sécheresse de mon coeur monautomne. Le froid qui vient, l’opportunité de quitter le pays, un an ou deux, me sauver de moi et de ce foutu miroir qui me rappelle sans cesse que je suis encore là, que je n’ai pas bougé, que je n’ai jamais cesser de penser à toi. Je regarde les autres et me demande pourquoi j’en suis là. Je regarde moi dans cette glace en fracas et je ne sais pas plus pourquoi. Me suis-je abandonné quelque part sur le coin d’une rue? Me suis-je perdu dans ce que je croyais être la vie, la mienne. J’appuie sur chaque touche qui recueille entre elles des parcelles de mes doigts qui s’effritent pour moi, pour me dire encore, que mon coeur batte, que je sente, que j’aurai peut-être un long comment à traverser dans ce désert, sans boussole et sans eau.

Réf.:

friable [fʀijabl] adjectif (du latin, de friare « briser »)
Qui peut facilement se réduire en menus fragments, en poudre. Galette à pâte friable.





Un film triste, ou pas…

19 09 2016

C’est un élan mélancolique qui me traine hors de mon divan. Où les vagues musicales déferlent bien plus que les images. Les dialogues tristes ont leur effet lacrymal. C’est toujours la même chose quand ce film joue trop souvent. Je repense à tout, à toi, m’accrochant, m’acharnant à retenir le moindre souvenir. Ton odeur m’a quitté il y a déjà un moment déjà. Les images défilent comme les mots, comme notre histoire, comme si quelqu’un avait simplement vu ce que l’on était devenu. On ne garde juste que le beau. Je m’efforce de trouver ce que je n’aimais pas, ce que je pouvais détester et je le déteste encore, tout autant, avec plus de hargne encore qu’avant, parce que tu n’es plus là pour briser le silence. Il ne reste que moi, moi et ton silence, ton silence et moi. Je rêve de tes mots, de je ne t’aime plus, de j’ai rencontré quelqu’un, d’un amour mort, de fatigue, d’habitude, de certitude, mais n’obtiens toujours et sans cesse ce cauchemar sans un bruit. Le même que lorsqu’on se réveille et que l’on crie, que l’on tente du moins sans un son qui ne puisse se faire entendre. Ce n’est pas notre histoire, ce n’est pas notre musique, c’est ce qui provoque cette grisaille de nuit. J’observe le jour prochain, où je n’aurai plus de mot, où il sera trop tard, où j’aurai épuisé l’encre qui coulait dans mes veines à ton égard.

Sur un air de:(500) days of Summer… Le film, la trame sonore.





Faites du bruit

18 09 2016

La solitude et le bruit me réveillent de cette nuit. Pas mon chat, qui respecte mon sommeil à la veille de cette fin si proche d’une errance totale. Cette fin où j’ai mis du bruit, simplement pour ne pas entendre mes pensées, simplement pour oublier que j’existais un moment. Le bruit, je le consomme par peur d’affronter le silence. Ce silence où seul je suis confronté à mon plus grand ennemi, moi-même. Mon plus grand adversaire, celui que je suis, celui que je voudrais être. Cette envie de tout lâcher, qui me donnerait surement d’autres problèmes à surmonter. Avoir peur d’être, de sentir, de vivre à nouveau, enfin. Je mets du bruit auquel je ne m’intéresse pas, ou si peu. Je bois du bruit pour ne plus me sentir, ou pour sentir mon esprit s’évader, encore un peu. Mille et une façons de me sauver de moi, chaque fois plus similaires que la précédente. Je n’ai plus l’imagination de la fuite, je n’ai plus d’idées inventées pour disparaitre temporairement, pour m’effacer, me faire invisible, me faire oublier le temps que je renaisse de mes cendres. Je suis brulé, fatigué, lasse de vouloir, trop épuiser pour oublier. Je ne veux pas devenir gris, je ne veux pas être fade, morne, triste. Je veux… Je veux… J’ai repris quelques mots que j’avais encore en bouche, en tête, en moi, pour te les raconter à toi. Pour me sentir autrement, pour les sortir doucement de moi, un à un enligné sur une ligne différée, où chaque mot qui précède est déjà passé et où le suivant n’existe pas encore. Le poids des mots martèle mon âme, m’assomme, m’assassine. J’accrocherai mon plus beau sourire demain, pour faire semblant que tout s’est bien passé, en fait, tout est surtout passé. Le bruit d’un sourire sur mon visage, comme un leure pour tromper, mais pour ne tromper que moi. Ça ne durera qu’un instant, l’instant d’entendre le bruit des autres, me taire. Garder le silence, espérer que tout change, rester immobile. Regarder le cadran qui sonne l’heure du départ, partir enfin. Recommencer. Encore. Parce qu’au fond on aime un peu ça, du moins on aime le bruit que l’on met dans notre vie. Qui a tué l’homme que j’étais, qui m’a laissé sans vie, sans rêve là dans ce qu’on appelle la vie? Qui est resté là à me regarder me détruire doucement, à me contempler de haute sphère, à souhaiter ma mort doucement, lente, prolongée. Je ne veux pas de ça, je ne veux pas mourir, pas maintenant, pas dans cet état, piteux comme état. C’est le temps de briser le miroir.





T’avais peut-être raison…

1 04 2016

T’avais peut-être raison.

Moi je garde tout, longtemps, un conservateur de la plume, du mot, du vêtement, de tout ce que j’ai, peut-être même toi. Je garde tout, longtemps parce que j’aime ce que j’ai, j’y fais attention, j’en prends soin, tout le temps. Je crois que j’ai aussi fait ça avec toi, j’ai pris soin de toi. Je suis conservateur, je respecte tout ce qui m’entoure, je suis le plus fidèle des hommes que je connaisse, en fait je ne crois pas connaitre d’homme qui ne s’est jamais égaré un jour, parce qu’il faisait soleil et que le vent soulevait trop la robe sous son regard distrait. Je suis comme ça, je donnerais tout ce que j’ai, trouverais tout ce que je n’ai pas, pour faire plaisir aux gens que j’aime. Parce que mes parents étaient comme ça, parce que j’ai grandi dans ça, chaque jour de ma vie. J’ai toujours voulu donner le beurre, l’argent du beurre et j’ai même probablement préparé une petite recette avec les restes, juste pour être sûr que personne ne perde rien.

Hier, pour me consoler, j’ai lu des vieux mots, des mots d’amour, des mots des autres qui avaient des mots pour moi, de mot beau « Tu me manques déjà », « J’ai déjà hâte de te revoir », « Mes vêtements portaient ton odeur, c’était hallucinant! » des mots qui sont d’un passé décomposé, d’un passé avant toi où ce que je faisais plaisait, où ce que je faisais m’était rendu. Des « Je pense à toi », « tu me manques » et même jusqu’à « PS. Je t’aime! », bien avant que le film sorte. Des mots qui sont morts, que je me suis rappelé hier, en fouillant dans ce que je gardais, simplement pour me rappeler que ces mots-là existent pour moi aussi, mais pas avec toi, t’avais raison.

Après pour comprendre, j’ai regardé les mots entre nous, les mots qui ont existés parce qu’il y en a eu. Nos premiers échanges, futiles, sur le sexe, ça oui il en a eu, ils sont morts avec notre consommation, on a plus eu besoin de dire, on faisait. Après, ce qui se rapprochait le plus de tes mots d’une marque d’affection ressemblait à un jeu de tic-tac-toe.

Puis, des mots durs, des mots qui m’ont fait arrêter de pleurer, presque instantanément, parce que j’ai comme compris, que t’avais raison. Des mots qui arrivaient toujours de la même façon, quelques mois après un voyage, quelques semaines avant ta fête. Il y a deux ans, je ne comprenais pas ces mots, j’ai tenté d’essayer, de voir, de pousser ma luck. Après la première fois, on s’est laissé, on s’est retrouvé, ça avait changé. Les mêmes mots, tu pourrais probablement me les dire aujourd’hui, du moins c’est tout ce que je peux imaginer.

Et encore, j’ai remarqué qu’il était plus facile de réutiliser mes mots plutôt que de comprendre ce qui se passait chez toi « t’a raison, je sais pas ce que je veux », « Je suis pas certaine de l’avoir jamais su ». « Je suis une éternelle insatisfaite! », avec moi en arrière-plan, qui rame pour tenter d’atteindre ton ile. Moi qui tentais de combler chaque petit vide que je saisissais au vol, histoire de garder ton sourire. Ça marchait, ça marchait toujours, un moment, puis, de moins en moins longtemps, jusqu’à ce que tout revienne, comme il y a deux ans.

Maintenant, je vais arrêter d’être fâché après moi, pensant qu’il y a quelque chose que je n’ai pas fait, de toute façon, tu ne me l’aurais pas dit. Je suis pris dans un tourbillon d’émotion qui change depuis trop longtemps. T’as même décidé de me tuer, quelque part entre décembre et maintenant, quand on avait tant de complicité. Aujourd’hui je n’existe plus, alors je m’écris à moi-même, pour simplement me soulager des maux que je gère en silence.

Ce qui reste de nous se déconstruira avec le temps. Là je suis trop fâché, fâché après moi, fâché d’être encore capable de t’aimer, d’avoir envie que tu sois heureuse, de te souhaiter toujours le meilleur. Chaque jour est lourd, de moins en moins, surtout ce matin. On ne peut se battre contre le vent. Personne ne pourra jamais te donner totalement ce que tu désires, et ça, c’est vrai pour tout le monde, t’apprendras peut-être un jour à faire avec.

T’avais peut-être raison, mais je me souviens plus vraiment à quel sujet cette fois-ci.