Le retour à la normale

14 03 2023

Où est rendu le monde? Vraiment, il est où? La fin d’une pandémie, le début d’une vie normale, rien ne l’est plus, rien n’est revenu comme « avant ». Certains travailleurs n’ont pas vu de changement, que ce soit sur les sites de construction, suite au retour en classe des étudiants et bien d’autres milieux. Un peu différemment, pas totalement. Les bureaux déserts du centre-ville hantent Montréal. La diplomatie est de mise, le manque d’employés et le manque de preuve que c’est mieux ou pire de travailler de la maison ou pas. On ne froisse pas les uns pour garder les compétents, on ne froisse pas les autres simplement par équité. La panique s’installe quand l’entreprise parle d’un 40% de retour au travail, 2 jours par semaine, les employés demandent des paiements pour les lunchs, le transport, les vêtements, le temps que l’on perd de l’autre. La guerre de l’efficacité déclarée. Les uns réclament la collaboration inefficace, les autres, une perte de temps, de leur temps, parce que le trente, quarante-cinq, soixante ou quatre-vingt-dix minutes, deux fois par jour, d’improductivité personnelle est gravement touchée par le retour au travail et avec raison. Le milieu des uns ne fait pas le bonheur des autres. On s’enlise dans ces discussions sans décision. On recule quand la masse quitte le navire parce que le voisin offre aujourd’hui ce que l’on avait hier.

Le réel impact est difficile à saisir. Mon réel impact s’est fait sentir plus vite que je ne le croyais. Tenir le fort, être présent, savoir que certains souffrent de cette solitude prolongée, être là. Bien que la majorité d’une équipe de plus de quinze employés ne souhaite pas tant retourner au travail, certain le font par « obligation », pour faire plaisir, mais se rendent compte rapidement de l’efficacité de mettre cinq développeurs dans une salle pour la priorisation, la ségrégation des tâches, le mentorat, le coaching, la démo des tâches réalisées, la planification du prochain cycle. Un jeudi après-midi, une fois par deux semaines. Que ce soit cette personne vivant seule, à plus de trente minutes de Montréal, vivant des moments difficiles, le plaisir de retrouver ses collègues, au moins deux fois par semaine, si vous y aller, faite lui signe, elle ira vous tenir compagnie pour la journée. La solitude et les événements de la vie, votre présence sera simplement de mettre un baume sur un vide que plus personne ne soupçonne. Sinon que ce soit pour changer d’air, pour finalement organiser un lunch avec un collègue que l’on n’avait pas vu depuis longtemps (surement avant la pandémie), chose que l’on faisait avant, régulièrement. Ceux qui l’essaie, y trouve que du positif, même si le train n’est pas passé, si le bus a fait fausse route ou si quelqu’un c’est lancé devant un métro, ce qui retarde leur arrivée.

Tout coûte plus cher avec le retour au travail. C’est un peu une roue dans laquelle on est prise. Le coût de transport, de vêtement, de nourriture, mais surtout de temps. Passer par exemple d’un coût de transport de 0$ vers 95$ par moi (meilleur des cas sur l’ile de Montréal). Les restos ayant été désertés, les prix ont augmenté pour survivre, mais pour s’adapter aussi à l’inflation. On s’habille plus de la même façon quand on sort en ville pour aller travailler, en fait on ne s’habillait plus tellement. Le temps que l’on « perd » à écouter un collègue nous raconter sa vie, sa veille, son weekend. Le coût du temps, pour les familles avec des enfants. Comme si, l’avant n’avait jamais existé. L’avant cette peur qu’on avait d’envoyer tout le monde à la maison. L’avant où j’ai dit à mon patron, ça sera beaucoup plus difficile de ramener les gens au bureau.

Et moi? Moi j’ai perdu beaucoup de repères dans cette expérience. J’ai tenu mon équipe le plus possible ensemble pendant la pandémie. J’espérais un retour, pour moi, pour mon équipe. Ils ont la chance de ne pas avoir un patron dans leurs chaussures et un patron bienveillant. Avant, en un coup d’œil, je décelais cette petite veine dans le front qui signifiait un stress peut-être un peu trop grand, le temps d’aller leur pousser une blague ou de les sortir de là pour relativiser la situation et leur apporter mon aide. Je ne peux plus le faire aussi facilement, les caméras souvent fermées ou les sourires, le temps d’une caméra et la quantité phénoménale de rencontres qui s’enchainent sans arrêt. Avant, je croisais les gens qui avaient le même rôle que moi, on pouvait comparer et se consoler, notre réalité était bien souvent très similaire, on pouvait faire front commun. J’étais aussi un de ces solitaires un peu introvertis qui prenait plaisir à croiser les collègues passés ou présents. Aujourd’hui, quand je fais ce trajet de trente minutes qui me sépare de mon boulot, c’est pour y trouver des étages bien vides, je dirais même par moment désert, qui étrangement me laisse croire que je suis tout seul dans cette expérience qu’est le travail. On ajoute à ça un patron qui n’est pas le spécialiste de la tape dans le dos, on obtient un cocktail un peu nocif pour la psyché qui se fracture doucement, fatigue qui augmente avec la motivation qui diminue. Et ça, c’est moi… mais quand tout lâche, on se rend compte que beaucoup sont dans la même situation. Ma solution? Du moins une partie… C’est de l’essayer… collectivement, d’être là, pour nous, pour les autres.





Le poids de la neige

7 03 2023

Mercredi 18 janvier, je me suis effondré comme un arbre dans une forêt. Sans bruit. Est-ce que quelqu’un m’a vu ou entendu? On m’a simplement ramassé quand le soleil avait commencé à se coucher. Je dis ramasser, mais je devrais dire cueillie sur la neige quand déjà j’étais rendu tout mou, inerte et que je me vidais de la sève qui me restait. Déjà bien asséché par le vent et le froid, j’ai craqué, sous le poids de cette neige qui ne cessait de tomber. Si de mes grands bras je protégeais tout sous moi, je ne sais même pas si la fracture procura la peur assez pour de moi s’éloigner. Le poids de la neige, par fines couches accumulées, au fil du temps, lentement. Une neige commencée bien trop tôt, voir à l’été, une neige bien trop froide pour s’évaporer. Cette neige venant d’ici, de là-bas, de moi. Le poids que je lui accordais, mais le poids aussi des années, des attentes et du temps. Est-ce moi seulement qui pensais que c’était plus grand que c’était? Est-ce simplement cette envie d’être le plus fort au milieu de cette forêt? Quand je laissais siffler le vent entre mes branches pour laisser entendre ma complainte, je me sentais simplement seul et muet. Je m’imposais ce poids de la neige, pour protéger des gens qui ne m’avaient rien demandé. J’ai protégé des gens parce que l’on fait cela quand l’on aime les gens, que c’est ce que j’ai vu qu’il fallait faire en grandissant et que la solitude pèse bien plus lourd que la neige!





La peur

23 09 2021

Survivre, c’est un peu ce que l’on souhaite tous à un moment ou à un autre. Que ce soit par peur que tout s’arrête ou par simple narcissisme, on souhaite à un moment ou à un autre la vie éternelle. On souhaite ne pas pourrir seul dans un coin, du moins la majorité de nous. On s’encombre de bien, d’animaux, d’enfants, pour éviter le silence, pour éviter de laisser derrière nous qu’un petit nuage de poussière. On ne sait jamais quand tout ça s’arrêtera et quand ça s’arrêtera, que restera-t-il de tout ce que l’on a fait pour ne pas disparaitre à jamais? Est-ce que tout ceci aura valu la peine, est-ce que tout ceci aura valu la peine? Essais et erreurs depuis des millénaires, un petit pas pour l’homme et pour la fin de l’humanité. On tente de se montrer à nous même que l’on a fait évoluer quelque chose quelque part. On tente de démontrer que l’on va plus vite, plus loin, plus longtemps tout le temps. On finit par s’ennuyer toujours plus rapidement, on arrive à cette fin à la vitesse de la lumière, celle qu’on ferme sur un cercueil vide. On ne se souvient plus pourquoi ni comment on est arrivé là, personne ne le sait, personne ne se pose plus la question. On fait les choses par mission, par ambition, par habitude. On ne se demande plus pourquoi on a commencé, pourquoi on a arrêté telle ou telle chose ? On reste à la maison par peur d’attraper un virus, un accident ou simplement de tomber, par terre ou en amour. On sort parce qu’on ne veut pas avoir passer notre vie à ne rien faire, on fait tout, l’adrénaline au fond, on risque, chaque minute de trop pour frôler la mort ou pire encore, un handicap qui fera qu’on reste dépendant du reste du monde pour le reste de l’éternité. On dort, on rêve, on se croit dans nos petites vérités. On juge, on est tous juges de quelqu’un quelque part, par habitude, parce qu’on nous a montrés, pourquoi les autres seraient meilleurs que nous? On tente par tous les moyens d’avoir le contrôle, sur les autres, sur ce que l’on fait, sur ce que l’on est, sans arrêt, on aime ce contrôle, que ce soit par petites bouchées ou par ambitions bien plus perverses. On tue, on procrée, on crée, on détruit pour les mêmes raisons. On court, on dort, on reste là, immobile. On aime, on déteste, on s’en fout un peu, malgré tout, au fond, parce que qu’est-ce que ça change au fait? On se souvient, on oublie, les mêmes choses, mais pas les mêmes gens et pas de la même façon. On se bat pour être unique, différent, unitaire, seul, mais en groupe. On divise et subdivise nos groupes sociaux pour s’en assurer. On veut l’égalité, mais on veut être différent. On se dit simple, mais on a de la difficulté à expliquer, qui on est, ce que l’on fait là. On écrit, on chante, on lit, on produit beaucoup de mots, beaucoup de bruit pour être accompagner dans cette solitude pour que ça reste quelque part, sans même se préoccuper du pour qui, du pourquoi. On s’instruit, on s’abrutit, on s’intoxique pour se sentir envie, toujours, sans arrêt. On finit par tourner en rond, en spirale, en boucle, pour se réveiller enfin malheureux, blaser et seul. On se donne des missions; guérir, aider, aimer, sauver le monde, simplement pour se donner bonne conscience, pour faire quelque chose, pour avoir bonne conscience, pour avoir en soi confiance. On s’explique mal la fatalité de nos vies, on vit mal cette réalité. Demain, je pourrais m’éteindre? Vraiment? On va laisser une poignée de souvenirs, parfois bons, parfois un peu tristes, sans qu’on l’aille vraiment voulu, sans avoir pu contrôler l’impact de nos actes modulés par tout ce qui fait qu’on a peur d’être en vie, le temps que ça durera. On oublie trop souvent de lâcher prise, d’être heureux, de comprendre pourquoi on fait les choses, simplement de les vivres, parce que ça nous fait du bien, un moment, peu importe sa durée. On fait les choses pour nous, on fait les choses pour les autres pour nous, on fait des choses jusqu’à ce que l’on soit plus en mesure de les faire, par fatigue, par ennui ou par manque de vie. J’écris parce que je veux me souvenir. J’écris parce que je dois garder hors de ma tête ce qui m’effraie. M’éteindre un jour.





Où suis-je?

24 09 2019

Je m’embrouillonne plus souvent qu’autrement. Je remplis ma tête de vide, de Netflix, de mots d’autres, parce que j’aime lire leur tournure de phrase, leur tournure de temps qui me fait rêver parce que moi aussi un jour j’ai eu des idées. Je me trouve des raisons pour expliquer pourquoi j’ai écris que 3 textes depuis le début de l’année, ma procrastination aigue fait que je n’écris plus, c’est pas la faute de mon ongle que je trouve trop long quand je tape parce que je ne sens que lui, c’est toutes ces petites raisons qui existent juste pour m’oublier. Hier en allant dormir, je me suis souvenu de moi, celui qui seul comprenait ce qui se passait, comprenait ce qu’il vivait. J’ai mis l’auto pilote sans mettre de destination. Je déraille ou dérape de toute façon. Malgré tout, j’ai les mêmes repères, ma mère, ma soeur, mon chez moi, mon gros chat qui traine un peu comme moi entre le divan et le matelas sans vraiment comprendre pourquoi. Le bruit m’énerve, le silence m’effaie, le juste milieu, je le cherche un peu. J’ai vu Netflix deux fois au complet, je n’ai rien accompli. Je me lance dans des passions qui sont bien loin de moi, pour apprendre, j’apprends. J’apprends tout sur les rudiments du crayon, qu’il soit électronique ou de carbone, de feutre ou d’encre. J’essaie de faire vivre ce que j’ai mis de coté, mes mots, les remplacer par des images. On dit qu’une image vaut mille mots, je suis rendu bien paresseux. J’ai cessé d’écrire en même temps que j’ai cessé d’aimer, je sais pas vraiment dans quel ordre ça c’est produit. Je suis pas complèment dépourvu, j’éprouve une affection profonde pour les gens qui m’entoure, mais pas l’amour, le vrai, celui qui a fait naitre ce blog et combien d’autre régurgi de matière d’âme sur des médiums parfois oublié et mort. Combien de lettre, de mot, de phrase j’ai écrit à travers le temps à ce sujet. Où on achète des « refills » pour ça? J’ai parfois une illumination, un mirage, un rêve éveillé qui fait que je sors un bout de papier, de téléphone cellulaire et j’écris une petite note pour me souvenir de l’étincelle, quand je la relis, plus tard, il n’en reste plus rien, que les mots noirs sur blanc, que les formes sans sens. Je pourrais écrire pour informer, pour communiquer mes passions devenir un influenceur, avoir des likeux, des hateux qui me suivent parce que je dis des choses ou leur contraire qui rejoint des gens parce que je parle comme eux. J’ai pas envie d’être comme eux, d’être commun, d’être critique ou simplement émotif parce que quelqu’un a parlé de moi à Thor ou à Traverse. J’ai pas envie d’être émotif sur un livre, sur un show, sur un vidéo que j’ai vu, parce que pour moi, ça fait parti des conversation que je veux avoir avec les gens que j’aime vraiment, pas a sens unique entre moi et les commentaires que je lirai ou pas. Ce que je vomis ici, c’est ma simple compréhension de ce qui m’habite, c’est brut, c’est indiscutable parce que même si j’ai l’air d’un drama king, d’un dépressif, d’un homme rose, d’un romantique fini, ça reste que des miettes de ce que je suis au moment ou je l’écris. J’aime mon petit blog tranquille un peu Emo qui me laisse le loisir d’inventer une vie qui est pas la mienne, ou de m’écrire à moi même une lettre que je me lirai demain à tête reposée, en me disant que c’est bon mais plein de faute parce que je me relis jamais, j’ai pas le temps parce que les mots arrivent bien plus vite que le dictionnaire lui même. Je n’ai pas envie de voir mourir Scarecrowworld parce que ça serait un peu d’avouer ma mort à moi, ma mort étant plus un échec sur l’amour avoué, qu’une mort physique confirmée.





Ce n’est pas la saison

4 04 2017

Ce n’est pas la saison, il pleut, comme si on était l’automne, avant ça me faisait sourire, là je ne sais plus. Ce n’est pas les nuits plus courtes depuis qu’on m’a volé une heure, une toute petite heure, que j’aurais dû récupérer de l’autre côté. Ce n’est pas le temps qui fait son oeuvre sur mes presque quarante années de vie. C’est juste l’espace, voir un trou noir, comme une saveur de néant depuis trop longtemps. Ce goût de vide sans que je me sois lancé de dedans. Ce goût fade, d’absence de goût, d’absence d’envie. Je traine, je traine mon cul dans mon appartement, quand je ne suis pas là, j’y rêve. La seule envie c’est de me couper du monde, attendre que ça passe, ça a toujours passé, là ça ne passe pas. Comme un os de poulet de travers dans la gorge, comme une balle de golf dans un tuyau d’arrosage, comme un jambon dans le chat d’une aiguille. Je tente de voir, de percevoir, de me changer les idées, de rencontrer. Je ne rencontre pas. Je n’ai ni l’envie ni la capacité morale d’entretenir une discussion, la base de ce que je suis. Je suis seul, je n’ai pas d’enfant, un chat, un diplôme d’études collégial, un appartement, une quarantaine d’années sans encore les dépasser, j’ai ai rien n’a foutre de la politique, parce qu’elle est trop restreinte, de même que de la religion, pour les mêmes raisons. J’ai une opinion sur un peu tout, mais je ne crois pas que personne n’ait raison, moi le premier. Je me plais à croire que si les gens s’écoutaient un peu plus, on s’entendrait bien. J’ai déjà eu des passions, je peux te citer celle que j’avais dans le temps où je trouvais ça cool d’en parler. Maintenant, je n’ai pas envie d’en parler, j’en profite juste pour les vivre. J’aime être seul, dans le noir, entouré d’inconnus, entendre la première note d’un instrument quelconque, fermer mes yeux, me laisser porter. Je ne suis plus capable de te dire ce que j’aime parce que j’ai épuisé toutes mes chances. Je ne sais pas combien j’en avais, mais je sais que je suis pas mal au bout. Je suis tombé dans l’air comateux, je fais les choses par habitude, j’en oublie certaines. Je n’ai plus le vertige, car je ne suis plus amoureux, mon souffle constant ne me manque jamais. Je respire, j’imagine que je vis. Je vis assez pour me blesser de temps en temps, me faire mal, me faire réaliser que je suis encore là quelque part. J’ai l’impression d’être celui qui se taillade la chaire à la lame de rasoir simplement pour se punir, se punir sans vraiment avoir de raison, mais je le mérite surement quelque part. Je n’en fais rien, personne ne voit les marques de mes blessures, peut-être sont-elles trop profondes? Je n’ai pas cette force de caractère de me mutiler de cette façon, je préfère la méthode douce, le verre de trop qui n’arrive jamais seul, celui traitre qui  arrive quand on s’y attend le moins, celui qui nous fait nous rappeler le lendemain que l’on ne se souvient que de peu de choses de la veille, sinon que la tête veut nous exploser que l’on regrette amèrement ce qui c’est passé, simplement parce que ce goût amer ne nous quitte plus. Puis le temps passe en se disant, plus jamais, jusqu’à la prochaine fois. La prochaine fois où je poserai mes yeux sur celle ou lorsque je ne l’aurai qu’en pensée, cette fois où la douleur sera trop grande et où je l’endormirai de vapeur éthylique, simplement pour que ça passe doucement. C’est comme le printemps, ce n’est pas la saison, mais quand même, je me remets toujours en question, parce que les cercles concentriques que l’on peut compter sur mon bras couper laissent savoir qu’une autre année vient de passer.





Vas t’en

27 03 2017

Va-t’en… mais pas tout de suite. Tout de suite, va-t’en, mais reste, pour que j’y croie encore un peu, à nous deux, quand on était heureux. Heureux, je ne le suis plus, quitte donc mon univers le temps que le gazon redevienne vert, dans ma cour, pas celle du voisin, je ne le regarde jamais tu le sais bien. Tu sais bien, il faut que tu disparaisses de ma vue, à tout jamais, jusqu’à ce que mon coeur se soigne par lui même, ce qu’il n’a jamais eu le temps de faire parce qu’il attendait. Il attendait ce téléphone, ce mot, ce signe qui vient toujours quand on s’y attend le moins, quand tout est oublié, quand tout est déjà perdu d’avance. Perdu d’avance, comme ce signe qui est arrivé dans le passé, qu’on aurait envie de conjuguer au futur, pour une dernière fois, au cas où. Au cas où, je me serais trompé, puis toi par la suite, pourrait-on se tromper ensemble, sans vraiment se tromper, tu sais que là non plus je n’irai pas. Je n’irais pas, j’ai toujours dit ça, sauf avec toi, une fois où tu pleurais dans mes bras. Dans mes bras, je n’ai pas dit ça, quand on s’est perdu, on était plus là, puis on est revenu sur nos pas, ton chagrin partit, je n’étais plus nécessaire. Plus nécessaire d’être avec moi, d’être près de toi, d’être ce que je suis, ce que tu es, où sommes-nous? Où sommes-nous aujourd’hui, ma tête passe à mon corps, à mon coeur, un message. Un message que je ne comprends pas encore que je n’accepte pas, dont je connais l’existence, mais je ferme les yeux, juste encore un peu. Un peu pour conserver les dernières images, les derniers silences, les touchers qui enflammaient ma peau, une odeur lointaine qui me revient sans cesse. Sans cesse je ne ferai qu’oublié, morceau par morceau ce qui s’est passé, ce qui ne s’est pas passé, ce qui est mort comme un bruit dans l’espace. Dans l’espace d’une vie où je ne vivrai plus, où tu deviendras celle qui a été là, à un certain moment, qui a disparu en silence. Silence qui voulait simplement dire: Je ne t’aime plus.





Friable

15 11 2016

Fragile, je suis usé par le temps, tout me fait craquer, mais pas de la bonne façon. Je ne craque plus pour le sourire, le regard, l’odeur. Je craque et me démantibule, laissant à plat les mandibules, plus de mots, plus d’idées, plus d’envie. L’impression de me décomposer, comme étaler dans ce bac à me composter. Je ne peux oublier. Les gens cherchent, moi je n’oublie pas. Les gens se trompent, moi je me trouble à rester là. J’ai envie de me sauver avant d’être réduit en poussière, l’impression que mes pas se désagrègent plus j’avais dans ce vide immense. Les matins sont lourds, les soirs si lointains. Je regarde mon lit, il est trop tôt. Je n’ai plus envie d’écrire. Je le fais que pour ne pas perdre la main, en me disant que demain tout ira bien, tout ira bien mieux, tout sera comme c’était avant. Mes mêmes mes vieux souvenirs se sont dissociés de moi, je ne suis plus ce que j’étais. J’ai un seul souvenir, celui d’être seul, comme si c’était hier, comme si c’était maintenant. J’ai perdu l’empathie envers mes amis, momentanément, surement. J’ai qu’envie de la serrer dans mes bras, juste une dernière fois, la serrer si fort et me volatiliser en poussière. Je me berce de musique triste, en espérant que seuls mes tympans survivront le choc friable de ma vie. Je ne revis que des fragments, que des segments, sans avoir envie d’autre chose, d’autre part, d’autres figures pour me dire… tout ira bien, car c’est faux. Si tout allait bien, je le saurais, je le sentirais, je le verrais au fond de mon miroir éclaté reflétant de mon image dissocié. Je me perds dans les fines fissures, les mille morceaux ne formant qu’un moi incomplet, un moi fissuré par le temps et la sécheresse de mon coeur monautomne. Le froid qui vient, l’opportunité de quitter le pays, un an ou deux, me sauver de moi et de ce foutu miroir qui me rappelle sans cesse que je suis encore là, que je n’ai pas bougé, que je n’ai jamais cesser de penser à toi. Je regarde les autres et me demande pourquoi j’en suis là. Je regarde moi dans cette glace en fracas et je ne sais pas plus pourquoi. Me suis-je abandonné quelque part sur le coin d’une rue? Me suis-je perdu dans ce que je croyais être la vie, la mienne. J’appuie sur chaque touche qui recueille entre elles des parcelles de mes doigts qui s’effritent pour moi, pour me dire encore, que mon coeur batte, que je sente, que j’aurai peut-être un long comment à traverser dans ce désert, sans boussole et sans eau.

Réf.:

friable [fʀijabl] adjectif (du latin, de friare « briser »)
Qui peut facilement se réduire en menus fragments, en poudre. Galette à pâte friable.





Que toi

14 10 2016

« C’est juste qu’on ne se ressemble plus, depuis si longtemps, depuis si longtemps ». J’ai pleuré sur ces paroles, l’impression d’entendre mon histoire, notre histoire. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais jamais comment c’est arrivé. La distance, elle arrive quand on la laisse s’installer, quand on la laisse prendre sa place. Elle prend ses airs, le mien en même temps, elle m’étouffe complètement. Je ne l’ai jamais laissé arrivé, du moins j’ai essayé, chaque petit moment où je le pouvais, une pensée sortie de nulle part, juste parce que dans ma tête il n’y avait que toi qui prenait l’espace possible. Peut-être ne m’ai-je pas laissé assez de place, peut-être m’ai-je oublié. Peut-être ma place je la voyais près de toi. J’ai tenté d’écouter, d’écouter tes silences, ton besoin d’être seule, de plus en plus présent, de plus en plus sans moi. Je t’ai laissé partir avec la distance, je me suis trompé, de route, de chemin, d’idée ou sur tes intentions. Aujourd’hui la distance creuse de plus en plus, comme un canyon avec le temps, comme cette distance que l’on prend par rapport aux autres planètes déjà à des années-lumière de la nôtre. Pourquoi moi, tu ne m’es jamais revenue, j’ai pu attendre, j’ai cru attendre si près de toi. J’ai juste voulu être ce que tu voulais que je sois. Je suis devenu fade, insipide, sans odeur et sans histoire. J’ai cru passé un mauvais quart d’heure, à m’oublier dans l’alcool, à nous oublier, un nous qui n’existe plus, depuis si longtemps déjà. Il n’y a que toi, le reste ne m’intéresse pas, ne m’allume plus, ne me parle pas. Tous les silences rassembler faisant un grand bruit en moi, résonnant sans cesse, je n’ai même pas chercher ma méthadone, mon fix, mon envie d’être pour quelqu’un ce que j’ai peut-être déjà été pour toi. Je suis triste, pas malheureux. Je suis déçu, pas fâché. Je ne sais pas ce qui me manque le plus. Je n’ai pas de place pour l’amour anymore. Je ne cherche plus anywhere. Mes pas me rapprochant de chez moi me rappellent la solitude, le bruit de mes pas seuls dans cette rue. Les bruits dans ma tête qui m’encourage à fuir, puis à m’accrocher, puis à tout laisser tomber. Je ne sais pas par où recommencer, je ne sais plus qui je suis. Je ne me ressemble plus, depuis si longtemps…

 

Inspiré par:Louise attaque – Il n’y avait que toi





Un film triste, ou pas…

19 09 2016

C’est un élan mélancolique qui me traine hors de mon divan. Où les vagues musicales déferlent bien plus que les images. Les dialogues tristes ont leur effet lacrymal. C’est toujours la même chose quand ce film joue trop souvent. Je repense à tout, à toi, m’accrochant, m’acharnant à retenir le moindre souvenir. Ton odeur m’a quitté il y a déjà un moment déjà. Les images défilent comme les mots, comme notre histoire, comme si quelqu’un avait simplement vu ce que l’on était devenu. On ne garde juste que le beau. Je m’efforce de trouver ce que je n’aimais pas, ce que je pouvais détester et je le déteste encore, tout autant, avec plus de hargne encore qu’avant, parce que tu n’es plus là pour briser le silence. Il ne reste que moi, moi et ton silence, ton silence et moi. Je rêve de tes mots, de je ne t’aime plus, de j’ai rencontré quelqu’un, d’un amour mort, de fatigue, d’habitude, de certitude, mais n’obtiens toujours et sans cesse ce cauchemar sans un bruit. Le même que lorsqu’on se réveille et que l’on crie, que l’on tente du moins sans un son qui ne puisse se faire entendre. Ce n’est pas notre histoire, ce n’est pas notre musique, c’est ce qui provoque cette grisaille de nuit. J’observe le jour prochain, où je n’aurai plus de mot, où il sera trop tard, où j’aurai épuisé l’encre qui coulait dans mes veines à ton égard.

Sur un air de:(500) days of Summer… Le film, la trame sonore.





Faites du bruit

18 09 2016

La solitude et le bruit me réveillent de cette nuit. Pas mon chat, qui respecte mon sommeil à la veille de cette fin si proche d’une errance totale. Cette fin où j’ai mis du bruit, simplement pour ne pas entendre mes pensées, simplement pour oublier que j’existais un moment. Le bruit, je le consomme par peur d’affronter le silence. Ce silence où seul je suis confronté à mon plus grand ennemi, moi-même. Mon plus grand adversaire, celui que je suis, celui que je voudrais être. Cette envie de tout lâcher, qui me donnerait surement d’autres problèmes à surmonter. Avoir peur d’être, de sentir, de vivre à nouveau, enfin. Je mets du bruit auquel je ne m’intéresse pas, ou si peu. Je bois du bruit pour ne plus me sentir, ou pour sentir mon esprit s’évader, encore un peu. Mille et une façons de me sauver de moi, chaque fois plus similaires que la précédente. Je n’ai plus l’imagination de la fuite, je n’ai plus d’idées inventées pour disparaitre temporairement, pour m’effacer, me faire invisible, me faire oublier le temps que je renaisse de mes cendres. Je suis brulé, fatigué, lasse de vouloir, trop épuiser pour oublier. Je ne veux pas devenir gris, je ne veux pas être fade, morne, triste. Je veux… Je veux… J’ai repris quelques mots que j’avais encore en bouche, en tête, en moi, pour te les raconter à toi. Pour me sentir autrement, pour les sortir doucement de moi, un à un enligné sur une ligne différée, où chaque mot qui précède est déjà passé et où le suivant n’existe pas encore. Le poids des mots martèle mon âme, m’assomme, m’assassine. J’accrocherai mon plus beau sourire demain, pour faire semblant que tout s’est bien passé, en fait, tout est surtout passé. Le bruit d’un sourire sur mon visage, comme un leure pour tromper, mais pour ne tromper que moi. Ça ne durera qu’un instant, l’instant d’entendre le bruit des autres, me taire. Garder le silence, espérer que tout change, rester immobile. Regarder le cadran qui sonne l’heure du départ, partir enfin. Recommencer. Encore. Parce qu’au fond on aime un peu ça, du moins on aime le bruit que l’on met dans notre vie. Qui a tué l’homme que j’étais, qui m’a laissé sans vie, sans rêve là dans ce qu’on appelle la vie? Qui est resté là à me regarder me détruire doucement, à me contempler de haute sphère, à souhaiter ma mort doucement, lente, prolongée. Je ne veux pas de ça, je ne veux pas mourir, pas maintenant, pas dans cet état, piteux comme état. C’est le temps de briser le miroir.