Rejouer en boucle

16 03 2023

On a parlé de tout, sauf de nous. Le périmètre qui nous entourait, s’éloignant lentement du centre, plus les mots défilaient. On était là, pas très longtemps, six heures à peine, pour une toute première fois. On s’est dit ce que l’on fait, d’où on vit, de qui nous entourent, de qui est disparu. Disparus non sans laisser de trace dans nos vies, mais sans faire de blanc non plus dans nos conversations. On s’est parlé de musique, de cinéma, de voyage, de bouffe. Comme tout le monde. On s’est parlé de tout et de rien. On s’est regardé en silence. Tu m’intimidais. L’intensité de ton regard perçait cette coquille de mon coeur fragile. Je te laissais faire, tout en te dévoilant l’effet que tu avais sur moi. Je te regardais en retour, intensément, avec ce désir puissant d’arrêter le temps, cet instant. Suspendre le temps, pas le moment, qu’il dure pour toujours. Toi et moi, là. Nos conversations n’ayant plus vraiment d’importance que de combler ici et là le vide incontrôlable de nos regards déjà bien remplit. On a caressé nos âmes en douceur, sous le regard d’une clientèle qui n’existait pas pour nous. On a parlé de tout, sauf de nous, parce que l’on se connaissait déjà.





Attendre

16 03 2023

Attendre le bus, le métro, la première rencontre d’une journée. Attendre le diner, son retour, la fin de cette journée. Attendre le métro, attendre le bus, attendre pour rentrer. Attendre sa douce pour souper, attendre pour souper avec sa douce. Attendre le livreur. Attente peut-être trop haute sur le goût du repas vu que l’on a attendu beaucoup trop longtemps. Attendre que l’émission commence, en choisir une autre. Attendre d’aller dormir, attendre son tour pour la douche et attendre de s’endormir.

Attendre son amour, attendre un enfant, attendre un appel qui ne viendra peut-être pas. Descendre ses attentes, mais continuer à le faire quand même. Attendre. Attendre de vivre parce que maintenant on travaille, on élève, on apprend, on s’occupe, on ramasse, on refait, on bâtit quelque chose, pour quelqu’un, pour nous, pour soi. Attendre des autres qu’ils lisent nos pensées, rester déçu. Ne pas attendre de leur communiquer notre déception.

Attendre que tout soit parfait, le timing, la femme, le boulot, le texte que j’écris, que je réécris pour la centième fois, qui fini pas ne plus être ce premier texte qui m’avait poussé à écrire, inspirer. Le revoir cent fois pour être certain que vous aimez ça. Attendre encore et encore de le publier.

Ne vous attendez pas à le lire, je l’ai effacé. En fait, je suis en attente de vider la corbeille. Expirer. Simplement parce qu’il n’y a rien de plus vrai que l’instant. Ce moment où s’ouvrent nos yeux pour la première fois, devant notre mère, notre soeur, notre première copine, nos premiers amis, notre premier emploi, l’amour d’une vie, nos enfants, une nouvelle destination, que l’on visite pour la troisième fois. Voir chaque fois, pour la première fois. S’émerveiller de chaque instant. S’éblouir encore et encore. Cesser d’attendre. Regarder. Aimer. Inspirer!

Ne jamais attendre sa mort.

Mourir.

Expirer.





Ce que je suis

7 03 2023

Quand la limite fut dépassée, j’ai simplement arrêté, à bout de souffle, de ne plus m’écouter ne faisait aucun sens. Ce que je voulais et ce que je vivais détonnaient, je subsistais simplement entre deux eaux par habitude. Un kick d’adrénaline qui revenait comme ce besoin de boire sans raison particulière. Je me retrouvais toujours dans de beaux draps, entre bonnes mains, un instant, puis je recommençais, même bras, mêmes draps, jamais bien plus loin. L’oasis où il est bien de se reposer, le rêve raté, l’homme que l’on ne possède pas, le mystérieux qui reste là sans un mot, ce qu’il reste, celui qui après mure réflexion valait peut-être la peine. La peine que l’on m’a faite, que je me suis infligée les yeux fermés pour me retrouver encore et encore seul. Ces mêmes personnes qui ne m’aimaient pas vraiment, ou du moins m’aimaient pour cet instant précieux où il est difficile de porter une armure. Quand l’envie de baiser est remplacée par l’envie de vomir juste à l’idée de se retrouver seul, dans un futur proche, plus rien ne faisait plus de sens pour moi. Être fatigué de savoir qu’il n’y a pas de suite en se disant « peut-être que… ». Des peut-être qui s’étiole dès que le vent souffle un brin. L’idéalisation de ce que c’est l’amour. L’espoir de l’amour. Faire l’amour. Aucun regret, simplement l’envie de tourner la page, de faire différent, d’attendre, d’aimer, d’être aimé, mais simplement pour ce que je suis et pas pour ce que l’on voulait que je devienne. Simplement. Si simplement que ça existe, pour vrai. Tellement vrai que ça fait peur, comme ce rêve où le réveil brutal ne donne envie que de se rendormir un instant, pour la vie. Tellement réel que je n’ai plus envie de dormir, si jamais je ne me réveillais pas.





Pour moi

20 09 2020

Briser mon cœur, j’ai brisé mon cœur mainte et mainte fois simplement par amour pour moi. L’idée que je m’en faisais, l’idée simplement de l’amour m’enivrait, aveugler par le fait que tout ça n’était pas vraiment vrai. J’ai baissé les bras, la tête haute, simplement par amour pour moi. Je me suis fermé, je me suis enfermé, comme le coffre d’une banque, le cœur trop fragile. L’idée d’être, demain dans un futur proche, dans un avenir qui m’était impossible aujourd’hui, hier en fait, mais aussi impossible demain. Diseur de bonne aventure, je lisais leur avenir, pas le mien. Je me suis immunisé, « equalizer » sur une fréquence que même moi je ne pouvais plus ressentir. Cassé, déçu, désabusé, désamusé, je me suis perdu sans même savoir pourquoi.

Guéri par une sorcière du sommeil éveillé pour ne plus me rappeler ce que c’était d’aimer. Elle m’a, en fait, brisée encore plus que je ne l’étais et le temps pour guérir ne fut que trop long. Je suis un persévérant, un battant et je guéris avec un peu de temps parfois plus que je ne le souhaiterais.

Pour moi, j’ai décidé d’arrêter de me protéger, de cesser de m’en faire, sans jamais arrêter de m’écouter. La douceur est arrivée, la douceur m’a complètement enveloppé, enfin, irréelle, bien présente. Parce que c’était comme pour elle, mais pour moi, le synchronisme enfin parfait, le temps se suspendant à nos lèvres laissant peu de mots pour se dire : je t’aime.





Où suis-je?

24 09 2019

Je m’embrouillonne plus souvent qu’autrement. Je remplis ma tête de vide, de Netflix, de mots d’autres, parce que j’aime lire leur tournure de phrase, leur tournure de temps qui me fait rêver parce que moi aussi un jour j’ai eu des idées. Je me trouve des raisons pour expliquer pourquoi j’ai écris que 3 textes depuis le début de l’année, ma procrastination aigue fait que je n’écris plus, c’est pas la faute de mon ongle que je trouve trop long quand je tape parce que je ne sens que lui, c’est toutes ces petites raisons qui existent juste pour m’oublier. Hier en allant dormir, je me suis souvenu de moi, celui qui seul comprenait ce qui se passait, comprenait ce qu’il vivait. J’ai mis l’auto pilote sans mettre de destination. Je déraille ou dérape de toute façon. Malgré tout, j’ai les mêmes repères, ma mère, ma soeur, mon chez moi, mon gros chat qui traine un peu comme moi entre le divan et le matelas sans vraiment comprendre pourquoi. Le bruit m’énerve, le silence m’effaie, le juste milieu, je le cherche un peu. J’ai vu Netflix deux fois au complet, je n’ai rien accompli. Je me lance dans des passions qui sont bien loin de moi, pour apprendre, j’apprends. J’apprends tout sur les rudiments du crayon, qu’il soit électronique ou de carbone, de feutre ou d’encre. J’essaie de faire vivre ce que j’ai mis de coté, mes mots, les remplacer par des images. On dit qu’une image vaut mille mots, je suis rendu bien paresseux. J’ai cessé d’écrire en même temps que j’ai cessé d’aimer, je sais pas vraiment dans quel ordre ça c’est produit. Je suis pas complèment dépourvu, j’éprouve une affection profonde pour les gens qui m’entoure, mais pas l’amour, le vrai, celui qui a fait naitre ce blog et combien d’autre régurgi de matière d’âme sur des médiums parfois oublié et mort. Combien de lettre, de mot, de phrase j’ai écrit à travers le temps à ce sujet. Où on achète des « refills » pour ça? J’ai parfois une illumination, un mirage, un rêve éveillé qui fait que je sors un bout de papier, de téléphone cellulaire et j’écris une petite note pour me souvenir de l’étincelle, quand je la relis, plus tard, il n’en reste plus rien, que les mots noirs sur blanc, que les formes sans sens. Je pourrais écrire pour informer, pour communiquer mes passions devenir un influenceur, avoir des likeux, des hateux qui me suivent parce que je dis des choses ou leur contraire qui rejoint des gens parce que je parle comme eux. J’ai pas envie d’être comme eux, d’être commun, d’être critique ou simplement émotif parce que quelqu’un a parlé de moi à Thor ou à Traverse. J’ai pas envie d’être émotif sur un livre, sur un show, sur un vidéo que j’ai vu, parce que pour moi, ça fait parti des conversation que je veux avoir avec les gens que j’aime vraiment, pas a sens unique entre moi et les commentaires que je lirai ou pas. Ce que je vomis ici, c’est ma simple compréhension de ce qui m’habite, c’est brut, c’est indiscutable parce que même si j’ai l’air d’un drama king, d’un dépressif, d’un homme rose, d’un romantique fini, ça reste que des miettes de ce que je suis au moment ou je l’écris. J’aime mon petit blog tranquille un peu Emo qui me laisse le loisir d’inventer une vie qui est pas la mienne, ou de m’écrire à moi même une lettre que je me lirai demain à tête reposée, en me disant que c’est bon mais plein de faute parce que je me relis jamais, j’ai pas le temps parce que les mots arrivent bien plus vite que le dictionnaire lui même. Je n’ai pas envie de voir mourir Scarecrowworld parce que ça serait un peu d’avouer ma mort à moi, ma mort étant plus un échec sur l’amour avoué, qu’une mort physique confirmée.





Qui a tué les spaghettis

24 06 2019

J’étais là autour de la table à attendre de me faire servir, c’était la première fois que ça m’arrivait, c’est moi qui cuisine normalement. Pas parce qu’elle ne veut pas, mais parce que j’aime ça, ce n’est pas vraiment important c’est chose là, du qui fait quoi et quand, c’est plus important de comprendre pourquoi ça se passe ainsi, sans brimer la vie de personne qui participe à l’expérience. La première fois en deux ans, j’avais hâte, j’avais mis la table, ouvert la bouteille de rouge, servi les verres pendant la préparation parce qu’un verre de vin en cuisinant, ça fait aussi parti de la recette. La radio jouait ce qu’on lui avait demandé, Folk-Indie, j’ai toujours été fan de guitare-voix. L’heure filait doucement au son de Bon Iver, dans la maison flottait un arome italien bien connu. C’était la première fois, les pâtes c’est toujours un bon premier choix, surtout avec moi, pâtes, pain, patates, peu importe ce que l’on en dit. Les discussions étaient rares, efficaces, on se connaissait depuis près d’un an maintenant et j’ai toujours été un homme de peu de mot, du moins tant que le vin ne faisait pas effet, après je m’emportais dans des tirades passionnées parce que c’est un peu ça ma vie. Elle tient à peu de choses, mais elle m’impressionne toujours, ces gens, ces lieux, enfin tous ces petits riens qui en font un univers magique. On se parlait peu de boulot, peu de nos familles, peu de nos vies. On savourait le temps ensemble, parce que c’est tout ce que l’on connaissait. Deux mondes, deux réalités, deux êtres ensembles dissociés de tout. Pourquoi ce soir elle décida de faire le repas? Peut-être que tout ça avait changé, ce temps où l’on vivait bien, où l’on ne décidait de rien, où la vie nous trimbalait dans son courant. Peut-être je me faisais trop d’idées, tant d’histoire je suis capable de me raconter. On riait beaucoup semble, tous les jours, je pense à elle, simplement dans le but de la revoir, de la sentir, tout près, là. Les dernières semaines avaient été plus difficiles, d’un manque de conversation elle est passée au secret. On les a tous, mais pourquoi maintenant, elle le faisait consciemment ? Le vin avait goût un peu plus amer, la chaleur étouffante de la canicule y étant surement pour quelques choses. Le pain sorti du four, la valse de service à la table commença. Quand atterrit devant moi mon grand bol de spaghetti, je compris que tout était fini. Fourchette et cuillère à la main je me suis retrouvé impuissant devant mon assiette, rien à faire avec ces armes de guerre, sans la regarder j’ai su que c’était notre dernier repas, je déposai ma fourchette et conserva la cuillère, il n’y avait plus rien à faire, on avait tué les spaghettis.





Famine

28 04 2019

Faim. J’ai toujours faim. Toujours soif aussi. Je bois pour oublier que j’ai faim. C’est une bonne raison, parce qu’il en faut toujours une raison, on aime s’en donner. J’ai rien de quelqu’un qui mange pas, personne s’en doute, sauf quand on pose des questions, je ne mens pas. Je n’en parle pas, mais je ne m’en cache pas. Les gens ne comprennent pas, il me regarde et ne savent pas, ne peuvent pas savoir. Je ne mange pas parce que j’ai eu une indigestion, ça surprend parfois, mais c’était une grosse indigestion. J’ai un passé indigeste, qui ne se réduit qu’à des souvenirs lourds sur l’estomac. Peut-être que je mangeais trop vite, trop souvent. Que je ne mâchais pas assez, je prenais pas mon temps, des fois ça passait de travers, je m’étouffais, ça prenait toujours un temps à me remettre. Là, j’ai juste décidé d’arrêter de manger. D’un excès à l’autre si on veut, ça souvent été comme ça dans ma vie. Je sais que la famine ne me fera pas mourir, elle me rend parfois juste triste. Je pleure de faim, comme on meurt de faim. C’est pour ça aussi que je n’écris pas, parce que ça prend une raison et quoi de mieux que la faim? Je me souviens des belles années que je mangeais à pleine bouchée, l’indigestion me tenant éveiller, je pouvais écrire, jour après jour sans même fermé un oeil, sinon deux. Aujourd’hui, juste l’idée du repas me fait fuir. À pleine jambe, même si je n’ai jamais goûter, j’aime mieux ne pas prendre de chance, j’en ai assez pris déjà. Je me dis que je pourrais peut-être pas mourir comme ça, du moins je suis en train de vieillir comme ça, à chaque jour qui passe, je me souviens des ces années où je sais pas si c’était plus simple, de juste pas me poser de question, et de mordre à pleines dents. À l’aube d’un autre printemps, je me dis qu’il serait peut-être temps que je m’alimente mieux tout simplement.





La vague

6 10 2018

Bon matin,

Je t’écris parce que je t’aime, tout simplement. Je sais que tu me connais et que je ne dis pas les choses aussi simplement. J’ai vu samedi, tes yeux se remplir d’eau quand tu as vu mon tableau. Quand tu as vu « Bonne fête papa » en grosse lettre blanche sur mon tableau noir. Je voulais simplement que tu saches que lorsque je l’ai écrit, j’ai pleuré, ça m’a pris un temps fou à écrire ces treize petites lettres-là, pas par manque d’inspiration, mais parce que chaque lettre était aussi lourde que les quatorze années qui nous séparent de lui. Je sais que le temps passe et que les souvenirs semblent toujours aussi lourds pour toi. J’imagine que c’est normal à quelques parts, tu n’as pas vécu la même chose que moi, du moins pas de la même manière. Quand je te dis que la mort fait partie de la vie, simplement pour que toute cette expérience soit plus acceptable, plus douce, toi tu veux raccrocher, t’en aller, ne plus en parler. Je ne tente jamais de te retenir, je sais que ça fait mal, je ressens ce mal qui t’habite, c’est un peu pour cela que j’insiste pour alléger ta peine. Maintenant, tu essaies même de reproduire l’événement, en vrai, pas juste dans ta tête, encore et encore, tu entres dans cette croisade pour la vie en t’attachant à un autre qui disparait peu à peu. J’aimerais te prêter ma tête, simplement pour que tu puisses accepter qu’il soit parti, qu’il partira, qu’il ne s’en sortira pas, qu’il ne reviendra pas. Je vois toujours cette tristesse dans tes yeux, j’aimerais tellement la soulager, te donner un moment de répit, ne serait-ce qu’une minute. Je vois encore cette vague qui arrive, qui repartira avec celui que tu aimes, qui te laissera seule sur la rive, les yeux vers l’horizon, à chercher papa dans le creux d’une vague, en attendant qu’il refasse surface. N’oublie jamais que quand tu seras pris dans ce creux de vague, je serai là à côté de toi parce que je t’aime maman.





J’ivre

2 10 2018

Il fait frais, il fait froid, un peu comme mon verre, un peu comme moi. Le mercure doucement descend un peu comme mes verres, un peu indécents. À la recherche de chaleur, à la recherche d’un toit, de toi, de moi, je ne sais pas. Je m’assois sur un tabouret, tout bourré, sentant un peu la fumée, sans feu. Je recommence à outrance, en espérant que ça change, en espérant toi que je ne connais pas. Il est dans tes yeux le feu, sans fumée, sans moi. Il brille de mille feux, sans fumée, sans bois. Je bois, sans fumée avec ce feu à côté de moi, dans tes yeux, je le veux, je le vois, je le bois. Je me vide à verre plein et je me plains à verre vide. J’ai cette tendance et je recommence, j’ai du rythme à outrance. Je ne tente jamais ma chance. Je n’ai peut-être pas assez froid. Ou peut-être trop froid, le coeur gelé, sans haut-le-coeur, encore, mais sans être sans coeur. J’ai pris froid quelquefois, quelque part ou quelqu’un, il y a quelque temps, je ne sais plus pourquoi, mais j’ai froid. Puis je pense à toi, souvent sans vraiment prendre le temps, parce que ça arrive, sans que je sois toujours ivre. Quand mes yeux tombent dans les tiens, au lieu de t’embrasser je bois chaque fois sans fin. Mes lèvres se taisent à tort. Puis viens le temps où tout ceci prend fin, où je paie en vain et où je m’en vais. Dehors je vais, il fait toujours froid, mais beaucoup moins que moi. J’ivre au lieu de vivre sans savoir ce qui m’arrive. Quelque chose fond ou je confonds à boire tous ces fonds sans fin, toujours je me retiens.





Chercher le trouble

22 07 2018

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ? J’ai payé plus de trois cents dollars pour me faire démolir la gueule, je ne me suis même pas rendu au dernier round. Il m’a fallu seulement le 13e pour que je le sente profond, une boule dans la gorge, de l’eau dans le coin des yeux, un punch directement là où ça fait mal. Je le savais un peu avant même de me lancer dans l’expérience. Si j’avais à en choisir un, ça aurait été celui-là, celui-là même du pourquoi j’étais là, parce que c’est toi qui m’y as mené quelque part. J’ai quand même décidé de le faire, par nostalgie, par masochisme, par inconscience, pour prendre conscience. J’ai manqué partir, pour pleurer en boule dans un coin, mais je suis resté là au grand soleil à me calmer, à tenter de reprendre mon souffle, tenter de me convaincre que j’avais fait la bonne affaire. La bonne affaire… relativement j’ai surement raison, sur le coup, quel coup! J’ai voulu être sûr de mon coup, j’ai pris 31 représentations en 20 jours, rien de moins, que du bon cinéma sinon, que la fille qui se transforme en sirène, t’aurais vraiment aimé, plus pour la forme que pour le film. Les douze premières fois, je t’ai cherché du regard, à travers la foule, dans les avants, les pendants ou les après-représentations. La 13e fois je savais que c’était elle là, ça avait tellement de sens, je savais même d’où tu arriverais, c’est toi qui m’avais montré le chemin. Quand je t’ai vu, le bonheur s’est transformé rapidement de joie, à malaise pour finir en tristesse. T’étais pas seule, qu’est-ce que je croyais. J’ai toujours été un grand rêveur, celui qui s’accroche trop longtemps pensant que ça va changer. L’éternel positif, qui voit le bon derrière chaque personne, qui se pète la face dans le mur pour les mêmes raisons. Je t’ai toujours voulu heureuse, j’espère que tu l’es maintenant, semble que je ne t’aimais pas comme tu le voulais, c’est un peu comme ça dans la vie, on s’attend toujours à quelque chose de différent, on s’autoconvainc que c’est une bonne idée, quand on recule, on pense encore que c’est une bonne idée. Du moins moi j’y crois. Je me suis rendu compte d’une chose, que même si je pense tous les jours à hier, que je fais du bruit pour me rendre compte d’aujourd’hui, je sais que demain ça passera, ça toujours passé, là c’est juste que je n’étais pas rendu là, ça m’a pris par surprise. C’est quand même moins cher qu’une thérapie que d’aller voir des films pendant 20 jours.