Il était 13 h 16 min 13 s…
Centre-Ville
Patrick était assis sur le lit, les mains apposées un peu derrière lui, les pantalons sur les chevilles. C’était la première fois qu’il atteignait l’orgasme de sa vie, en un éclair, dans cette chambre aux lumières orangées. Son plaisir venant avec un soupir de plaisir, synchroniser, les yeux fermés simplement pour mieux savourer ce moment.
Anjou
Fabienne, les yeux fermés, encaissa pour une dernière fois le prix qui lui revenait de droit. En fait, c’était les paroles de Pierre, qui s’était marié avec elle il y a 18 mois. Fabienne n’avait pas fait le dîner et les enfants criaient à tue-tête dans la cuisine quand Pierre rentra, il ne rentrait jamais à cette heure. Ce dernier rentrant de travailler d’un chantier de construction, à mettre les blocs de béton pour séparer ce qu’il y avait de si grand, simplement pour diviser selon les demandes de tout un chacun. Pierre se réfugiait souvent dans son endroit à lui, sa Côte-Nord lui manquait, le vert des arbres remplacer par le gris du béton, sa paix intérieure replacée par le bruit, les nuages de bruit et un manque de tranquillité. Ce midi-là, après avoir été remercié par son patron, il rentra chez lui furieux, se paya un certain silence en envoyant son poing droit sur la tempe de Fabienne qui s’écroulant sourdement sur le sol.
St-Léonard
Gina, les yeux en larme dans les yeux de Pietro disent simplement oui.
Montréal-Nord
Le bruit fût entendu de partout, cela ne pris qu’une seconde avant que les genoux de Ralph ne touchèrent le sol. Le regard vide, comme si cette seconde durait une heure, comme dans les mauvais films qui font les ralentis trop lents, en pensant simplement que l’on ressent plus la douleur d’une balle en plein coeur quand la personne tombe au ralenti.
Centre-Ville
Sophie, le maquillage un peu défait, à cette pensée, il ne me manque que 1000 $ pour partir d’ici en fin. Les larmes qui coulent sur ses joues sont un mélange d’espoir, de honte, de fierté, car pour ce jeune homme c’est la première fois et de maquillage bon marché, parce qu’elle ne veut pas mettre trop d’argent sur ce dernier. Le goût de la semence de ce jeune homme ne goûte pour elle plus rien, avec le temps, elle en fait abstraction, le temps ou la quantité d’hommes qu’elle a laissé faire de même. Ça et l’alcool qu’elle ingurgite à chaque fois qu’elle doit travailler.
Petite-Patrie
Un enfant dans un marché caresse la tête d’un chien avec le sourire
St-Léonard
Emmanuel, le coeur nouer de tristesse, debout devant le banc en bois regarde sa cousine s’engager. Il sait à cet instant que c’est fini pour lui et pense à la mort.
Hopital Notre-Dame
Rose tient la main de Gérald. Sa main rose et fragile, usée par le temps, par le vent, par les années qui ne les ont jamais séparées, car ils se tenu par la force de leur main. Quarante-cinq années d’amour, de vie, d’obstacles plus difficiles, mais jamais insurmontables, quarante-cinq années envolées le temps d’un dernier souffle pour un et la fin d’une histoire pour l’autre.
Montréal-Nord
Jeanine regarde son fils se vider de son âme, les larmes sur ses joues, sans voix. Il aimait tant sa mère et sa mère l’aimait temps aussi. Les années dans ce nouveau quartier étaient pour eu plus difficile, beaucoup trop difficile. Son fils n’était plus son fils, elle ne le reconnaissait plus, les actes de violence qu’il commettait n’étaient en rien ce qu’elle lui avait appris. Elle avait enfin la chance de revoir ce qu’il avait été, pour une dernière fois, malgré ce trou dans la poitrine qui laissait sortir ce qu’avait été sa vie, malgré cette fumée qui s’échappait du pistolet qu’elle tenait.
Petite-Patrie
Woof!
Villeray
Dans un lit enrobé de drap, de bras, de chaleur, de sueur, de cette odeur qui s’était transformée de sexe en tendresse, le silence fut rompu. Ce silence qu’on conserve trop longtemps, trop souvent avant de se rendre compte qu’il est trop tard. Ce silence comme on les accumule, empile sans rien dire en pensant que leur portée ne veut rien dire ou est vouée à s’évanouir. Un silence brisé par une parole simple, avec un peu d’hésitation « Je… »
13 h 16 min 14 s
« Suis bien avec toi! » Une parole qui aurait dû se limiter à la seconde qui lui était allouée, une parole qui aurait dû être plus courte, plus efficace, plus vraie dans l’instant où elle a été lancée. Qui a été modifié par la peur de se lancer, par la peur de ce que l’autre aurait pu penser. L’instant, il faut savoir en profiter.
Sujet : Que peut-il arriver en une seconde?