Prisonnier

11 10 2016

On m’a enfermé. Je suis en cage, littéralement. Je n’ai rien fait, je le jure! Je faisais seulement mon boulot et tout le monde le dit, « Don’t shoot the messenger! », ne tirer pas le messager, c’est mon boulot, rien de plus. Maintenant, je les entends, de l’autre côté de la porte, parler entre eux, rire, se foutre un peu de ma gueule. Je les entends, mais je ne les comprends pas, il parle trop vite et dans une langue qui n’est pas la mienne. Je crie pour qu’on me libère. Au moins, on ne m’a pas torturé. J’ai vu beaucoup d’hommes qui ont souffert par ici. Certains actes même, je suis sûr qu’on tente de me les attribuer. Ce n’est pas ma faute, je me suis perdu, j’allais livrer le message, mais cette ville est si grande, si sale, tout se ressemble, tout sent la même chose, les ordures au soleil, la merde, j’avais raison de me dire que ça ne sentait pas bon. J’ai si faim, je ne sais pas si c’est le jour, la nuit, je perds la notion du temps dans cet enclos obscur où on me tient en détention. Je n’ai même pas eu de procès, on me garde, un point c’est tout, contre mon gré, on fait bien de moi ce que l’on veut depuis ma capture. Moi et cette idée de toujours prendre des raccourcis, pour aller plus vite, pour revenir plus vite, auprès de ma femme que j’aime tant. Je suis parti rapidement, me disant que je verrais surement nos enfants naitre, je ne sais même plus si je verrai le bout du jour, si je sortirai d’ici vivant. J’imagine que c’est ici que mon cousin s’est fait prendre, je n’ai jamais pu discuter avec lui, il m’aurait surement prévenu du danger de cette région. Il faut dire que mes patrons ne sont pas très gentils non plus. Je pars des heures pour livrer des messages, je reviens exténuer et que pour une bouchée de pain. Les dangers sont grands dans la région, soit qu’on se fait capturer, soit qu’on risque de perdre notre travail, peu de gens font encore affaire à mon service de messagerie, plus le temps passe plus les gens se privent de moi. On risque aussi la mort à tout moment, les voitures, les gens, les enfants. La vie de pigeon voyageur n’est vraiment plus ce qu’elle était.

 

 

 

 

Inspirée de : http://www.lapresse.ca/actualites/insolite/201610/03/01-5026809-inde-un-pigeon-en-detention-pour-une-lettre-de-menaces.php





La solitude

10 10 2016

J’avais 25 ans, je revenais la tête basse à la maison, mes pas avalant le trottoir, plus j’avançais vers la maison, plus mes yeux se remplissaient d’eau. Je finissais par m’effondrer, en larme et sur mon futon, j’étais seul depuis la première fois depuis 25 ans. Je goutais pour la première fois à ça, ayant quitté le foyer parental un an plus tôt pour habiter avec ma copine de l’époque, avec qui j’étais ça faisait près de 3 ans et que je l’ai quitté par manque d’amour dû à son absence prolongée dans ce qu’on peut appelé une vie de couple.

La solitude, après 25 ans, rentrer seul, n’avoir personne qui nous attend, personne à attendre, c’est la même solitude qu’après un autre 3 ans en couple, ça écorche vif mon âme déjà solitaire. J’ai toujours été solitaire, dans ma tête, dans un univers où tout était possible. Petit je me creusais des châteaux fort dans la neige que le camion avait laissée dans la cour, plus il neigeait, plus je creusais, j’y passais des heures, ça finissait toujours par s’effondrer, souvent sur moi, je me souviens du poids de la neige sur moi, du froid, d’y penser reste réconfortant, comme la plupart de mes souvenirs d’enfant. Quand on rentre, quand on est seul depuis la première fois, on comprend ce poids sur la conscience, cet instant où on est livré à nous même, on est seul, tout est toujours possible. J’ai trainé dans cet appart longtemps ce poids sur mes épaules, chaque retour du travail était pénible, lourd, un trajet de cinq minutes interminable entre la station de métro et mon appartement, l’impression de marché pieds nus dans de la vitre cassée. Puis ça a passé, un jour, comme ça, sans que je comprenne vraiment pourquoi, je me suis retrouvé, souvent après m’être perdu dans l’alcool, dans les mensonges à moi même, dans tout ce qui n’était pas moi. Comme si pour m’en sortir, je devais toucher le fond, mon fond à moi, on en a tous un différent. Il fallait que je m’écoeure moi même, que je finisse par ne plus me croiser dans le miroir, par ne plus me regarder, par fuir mon image. L’impression d’être un vampire sans image dans la glace, l’impression de ne plus exister, de ne plus être, de ne plus savoir ce que je voulais pour moi. Puis je redécouvre doucement, qui j’étais. Je me suis simplement laissé aller à mes passions parfois étouffées, à découvrir des nouveautés, des passions différentes, à vivre quoi.

Depuis, j’ai eu deux autres relations, qui m’ont laissée dans le même état, identique, pareil, seul. Comme un vide, laissez par une pioche dans mon coeur de roche. Comme si je cédais ma place dans un bus, comme si on m’avait volé mon image dans la glace, jamais totalement, je suis quand même moi, mais pas entier, comme une partie de moi endormie, un moi latent dans un corps en vie. Je pourrais blâmer la terre entière pour ces moments d’égarement, mais je ne peux blâmer personne, même pas moi, simplement parce qu’avant je ne savais pas, je ne m’en souciais pas, j’étais inconscient de cet enlèvement. Je me cachais à moi même, sans raison valable, peut-être juste par peur de créer, d’être, d’avoir ma place. Comme une procrastination générale de moi à moi. Je me suis mis sur pause le temps d’une prose, d’un instant de poésie, d’amour, de fuite. Se sauver de soi-même, faut le faire quand même, un moment d’absence momentané qui fait qu’on s’ennuie, on s’ennuie de soi-même, parce qu’on c’est pas vu depuis longtemps. Le vide que ça crée en l’absence de bruit extérieur, de gens, d’alcool, d’habitude, c’est effrayant, je me dis qu’à 25 ans, quand je suis rentré chez moi en pleurant, j’imagine que j’avais simplement peur, peur d’être seul avec moi. On finit par oublier qui on est, on sait que le réveil ne sera pas facile, mais il est nécessaire.

Hier, j’avais une soirée dans un bar, je ne suis pas allé. Au début, je me cherchais des gens pour m’accompagner, puis personne ne pouvait, ne voulait. Tout l’après-midi, j’avais passé mon temps à me dire que ça ne me tentait pas, mais que c’était un moment spécial pour les « copains » là-bas. En début d’après-midi, j’étais allé bruncher avec moi-même, m’étant procuré « Chronique birmane » – de Guy Delisle, je me suis assis au comptoir (mon endroit de prédilection dans tout restaurant), puis j’ai lu, café au lait à portée de la main, j’ai mangé, puis je suis parti à la maison avec quelques bouquins et l’estomac bien rempli. Le soir, j’ai finalement fui la soirée, je suis resté avec moi-même et j’ai dévoré ma BD, pour m’endormir sur le divan par la suite. Une belle soirée avec moi-même. À refaire!





Un film triste, ou pas…

19 09 2016

C’est un élan mélancolique qui me traine hors de mon divan. Où les vagues musicales déferlent bien plus que les images. Les dialogues tristes ont leur effet lacrymal. C’est toujours la même chose quand ce film joue trop souvent. Je repense à tout, à toi, m’accrochant, m’acharnant à retenir le moindre souvenir. Ton odeur m’a quitté il y a déjà un moment déjà. Les images défilent comme les mots, comme notre histoire, comme si quelqu’un avait simplement vu ce que l’on était devenu. On ne garde juste que le beau. Je m’efforce de trouver ce que je n’aimais pas, ce que je pouvais détester et je le déteste encore, tout autant, avec plus de hargne encore qu’avant, parce que tu n’es plus là pour briser le silence. Il ne reste que moi, moi et ton silence, ton silence et moi. Je rêve de tes mots, de je ne t’aime plus, de j’ai rencontré quelqu’un, d’un amour mort, de fatigue, d’habitude, de certitude, mais n’obtiens toujours et sans cesse ce cauchemar sans un bruit. Le même que lorsqu’on se réveille et que l’on crie, que l’on tente du moins sans un son qui ne puisse se faire entendre. Ce n’est pas notre histoire, ce n’est pas notre musique, c’est ce qui provoque cette grisaille de nuit. J’observe le jour prochain, où je n’aurai plus de mot, où il sera trop tard, où j’aurai épuisé l’encre qui coulait dans mes veines à ton égard.

Sur un air de:(500) days of Summer… Le film, la trame sonore.





Faites du bruit

18 09 2016

La solitude et le bruit me réveillent de cette nuit. Pas mon chat, qui respecte mon sommeil à la veille de cette fin si proche d’une errance totale. Cette fin où j’ai mis du bruit, simplement pour ne pas entendre mes pensées, simplement pour oublier que j’existais un moment. Le bruit, je le consomme par peur d’affronter le silence. Ce silence où seul je suis confronté à mon plus grand ennemi, moi-même. Mon plus grand adversaire, celui que je suis, celui que je voudrais être. Cette envie de tout lâcher, qui me donnerait surement d’autres problèmes à surmonter. Avoir peur d’être, de sentir, de vivre à nouveau, enfin. Je mets du bruit auquel je ne m’intéresse pas, ou si peu. Je bois du bruit pour ne plus me sentir, ou pour sentir mon esprit s’évader, encore un peu. Mille et une façons de me sauver de moi, chaque fois plus similaires que la précédente. Je n’ai plus l’imagination de la fuite, je n’ai plus d’idées inventées pour disparaitre temporairement, pour m’effacer, me faire invisible, me faire oublier le temps que je renaisse de mes cendres. Je suis brulé, fatigué, lasse de vouloir, trop épuiser pour oublier. Je ne veux pas devenir gris, je ne veux pas être fade, morne, triste. Je veux… Je veux… J’ai repris quelques mots que j’avais encore en bouche, en tête, en moi, pour te les raconter à toi. Pour me sentir autrement, pour les sortir doucement de moi, un à un enligné sur une ligne différée, où chaque mot qui précède est déjà passé et où le suivant n’existe pas encore. Le poids des mots martèle mon âme, m’assomme, m’assassine. J’accrocherai mon plus beau sourire demain, pour faire semblant que tout s’est bien passé, en fait, tout est surtout passé. Le bruit d’un sourire sur mon visage, comme un leure pour tromper, mais pour ne tromper que moi. Ça ne durera qu’un instant, l’instant d’entendre le bruit des autres, me taire. Garder le silence, espérer que tout change, rester immobile. Regarder le cadran qui sonne l’heure du départ, partir enfin. Recommencer. Encore. Parce qu’au fond on aime un peu ça, du moins on aime le bruit que l’on met dans notre vie. Qui a tué l’homme que j’étais, qui m’a laissé sans vie, sans rêve là dans ce qu’on appelle la vie? Qui est resté là à me regarder me détruire doucement, à me contempler de haute sphère, à souhaiter ma mort doucement, lente, prolongée. Je ne veux pas de ça, je ne veux pas mourir, pas maintenant, pas dans cet état, piteux comme état. C’est le temps de briser le miroir.





Quand?

14 09 2016

On me dit que demain ça ira bien mieux. C’était hier et j’ai l’impression que rien n’a changé. C’était hier chaque jour depuis quelques jours, semaines, mois même et j’ai toujours l’impression qu’on est demain, un demain statique, qui fait collé les cheveux, l’âme, le coeur. Tout semble passé, le temps, le vent, le facteur encore plus souvent. Je n’ai pas de lettres de toi, pas de mots, pas de phrases pour me faire passer à demain. Ce que tu m’as dit hier, ça avait peu de sens, on ne peut pas seulement ne pas savoir, du moins pas pour toujours. Est-ce toi, moi, quelqu’un d’autre que moi qui t’ai privé de demain ensemble? Hier je me demandais encore ce que j’ai bien pu faire pour en être là, chaque fois tu me réponds en me demandant si je vais bien. Je me dis que ça arrêtera demain, mais qu’encore hier tu me suivais dans l’ombre de ma journée. Je te demandais hier de ne plus me contacter, chose que je regrettais de lendemain, j’ai bien plus envie de ta présence comme hier que de ton absence constante, dans chaque demain qui existe. J’ai fini par tenter de me faire croire que demain n’existe pas, jamais. Donc demain ça n’ira jamais mieux puisqu’il n’existe pas. Combien de gens m’ont menti, m’ont dit ça hier? J’ai trouvé enfin la solution, il était trop tôt ce matin, je n’avais pas les idées claires pour avoir une telle idée, mais hier n’existe pas non plus, donc personne ne m’a menti, parce que personne ne le savait en fait que demain n’existe pas et je ne peux les blâmer d’un hier qui n’existe pas plus. Je suis donc pris aujourd’hui, avec la simple illusion de souvenirs qui ne s’estompe pas, avec le sentiment d’avoir envie de quelque chose, mais pas la force de le saisir maintenant. Je suis peut-être trop nouveau dans ce nouvel espace temps qu’est aujourd’hui. Ai-je tenté de vivre dans un temps qui n’existe pas, qui n’existe plus ou qui n’existe pas encore? Dois-je réapprendre à vivre là, maintenant, actuellement? Je sais ce que je suis, ce que j’aime, ce que je veux et ne peux plus attendre demain ce que j’ai voulu d’hier.





J’itinérance

20 06 2016

Je laisse trainer des mots vides, simplement pour ne pas oublier comment écrire. J’ai pensé utiliser ce livre où les idées ne manquent pas, mais je suis tombé au hasard sur un truc qui parlait de mariage, je me suis dit que c’était pas nécessairement bon pour moi de me décomposer là-dessus aujourd’hui, comme ce ne l’était pas pour moi hier et probablement demain non plus. Le plus près que je sois passé du mariage, c’était des fiançailles, peut-être beaucoup trop jeune, pour elle. Elle venait d’être libérée de son foyer parental et je lui laissais aussi sa liberté, elle c’est envolée. L’autre moment, c’était des femmes mariées, où on jouait de charme tant que la réalité ne frappait pas. Elle frappe toujours la réalité. Pour moi c’est toujours le matin, très tôt, en même temps que le soleil se lève sur une nouvelle journée. J’aime aimer, j’en suis peut-être amoureux de ce sentiment. Je choisis quand même qui j’aime, peut-être à tort, peut-être de travers. Trop de questions s’imposent à moi. Je suis maitre que de mes sentiments, me valeur, mes rêves. J’ai toujours rêvé d’enfant, de mariage, de famille. J’ai toujours rêvé, de passion, d’amour, d’amitié. Aujourd’hui seul devant moi, je me regarde, un peu triste de ce qu’il me reste, un peu nostalgique de ce qui est passé, qui ne repassera plus, des bribes de bonheur parfois plus longues les unes que les autres. Mon image se décompose dans la glace, la chaleur immense me fait perdre la tête. Je tournoie puis m’assois un instant pour penser à moi. Où me suis-je mis, dans toutes ses histoires. Je suis l’itinérant en quête d’amour et parfois, on me lance avec dégout une poignée de mécènes. J’ai la parabole agile, mais rien ne dure, tout s’envole, comme ce que je suis, j’oublie, j’oisive seul sur ma branche. La seule chose que je me souvienne, c’est que je n’arrête pas d’oublier, de m’oublier. J’hypothèque à frais virés ma conscience loin d’être tranquille, me disait que l’intérêt viendra plus tard, que j’en tirerai des bénéfices, qu’un jour je deviendrai un arbre fruitier. Tout le monde aime quand l’on fructifie. Je me réveille, souvent trop tard, au pied de l’arbre trop sec, trop vide, comme un arbre… bien trop seul.

 





J’écris

24 05 2016

J’écris. J’écris pour toi, j’écris pour ça, mais j’écris surtout pour moi. J’écris depuis que je peux tenir un crayon, probablement parce que j’ai peur de la solitude, parce que les mots sont toujours présents, ils sont là pour me réconforter. J’écris par ennui les jours de pluie et j’écris pareil les jours de soleil. J’écris simplement parce que je ne sais pas quoi faire d’autre, parce que le monde m’effraie toujours un peu, parce que de me lire me rassure, je suis humain. J’écris sur mes peurs, j’écris sur mes amours, j’écris sur toi, tu fais un si beau papier. J’écris par habitude, je verse mes certitudes, je suis sensible, j’aime, je vis. Tant de mots pour te dire je t’aime, tant de mots pour tenter de l’oublier. Mon crayon s’accroche, hameçonner à la réalité, ma réalité, je suis là à attendre un prochain chapitre, je suis là à pleurer mon âme pas encore morte, à ne pas vouloir la laisser partir, comme si après c’était la fin, l’ultime, la dernière fois. Je décris ce que je ressens, je me fais du mauvais sang, je fais, je vis et je ne m’apprivoise jamais assez. J’ai peur de demain, de ne plus jamais aimer après toi, simplement par manque d’envie et parce que le futur n’existe pas. J’écris pour me rassurer que je suis toujours en vie, même si des fois je n’en ai pas envie, même si des fois je devrais me taire, le silence n’a vraiment rien pour plaire. Je rêve, comme j’écris. La pluie, les draps, la nuit. Le soleil, la plage, mais toi aussi.





Couche-toi

19 05 2016

Couche-toi sur mon chest et que tes mains me caressent juste avant la sieste. Que je sente ta tête un peu lourde, remplie de toutes ses idées, que t’oses jamais me raconter, mais qui me laisse me demander. Partage avec moi ta chaleur, celle que j’aime à toute heure, quand t’es pas loin ou coller, celle dont je ne peux jamais me fatiguer. Serre-moi, contre toi, encore une fois, assez pour que mon coeur éclate que je ne sache plus ce que c’est la douleur. Brise mes os, un à un, broie-moi une dernière fois. Ma douleur ne s’effrite qu’à coup d’atome qui se meurt un par un, chaque jour. Je t’entends écrire, je crois, est-ce sur moi? Je n’ai que les souvenirs de ton visage, je m’ennuie de tes yeux qui disparaissent quand tu souris. Je m’ennuie de tes mains, sur chaque centimètre que tu connais bien. J’ai l’impression que rien ne passe, rien ne se passe. Que le temps fixe me fait quand même vieillir, comme accroché à la grande aiguille de cette horloge. Je suis fatigué, je dors mal, je dors peu, je ne dors plus. J’ai peur de rêver à toi, de me réveiller triste et seul. Couche-toi près de moi, que je dorme un peu cette fois.





Repère

4 04 2016

Je les ai perdus en tout point, égarés dans l’appartement quelque part. Je vais à la recherche histoire de retrouver un petit côté stable en moi, mais je me perds chaque fois. J’ai l’impression d’être saoul même à jeun, j’ai l’impression d’être endormi même réveiller. Un mauvais rêve… c’est surement un mauvais rêve. Je cherche un mot, un regard, je n’obtiens que le silence. Je cherche à savoir si tout va, si tu souviens de moi, je ne sais plus à quelle porte frappée, la tienne me semble verrouillée, sans comprendre mon crime, sans savoir pourquoi. Je tourne sur moi même à la recherche d’une issue, je m’étourdis, je m’assois, je ne bouge plus. Si j’arrête de bouger assez longtemps, peut-être reverrais-je mes points de repère. J’aimerais lancer mon amour ailleurs, n’importe où, simplement pour m’en débarrasser, pour ne plus le sentir pour toi, ça ne marche pas. Je n’aime que toi, depuis bien trop longtemps, depuis bien trop fort, depuis bien trop souvent. Je ne sais même plus comment m’aimer tellement je t’aime, je me suis peut-être oublié, mais je t’aime quand même. Je sais qui je suis, je sais que les pieds ancrés dans le plancher je suis le plus fort qui est, mais plus là, là mon centre d’attraction se limite à mon lit, mon divan, mon lit, mon divan, aussi souvent que possible. Je me terre dans mon repère, à la recherche de tout, de rien, de ce que je ne comprends pas, je bouscule le silence autant que tu me signales ton indifférence dans chacun de tes silences. J’essaie d’exister, mais pas trop fort, parce que ça fait mal. J’ai l’impression d’avoir été un mauvais rêve que l’on tente d’oublier qu’on a mis de coté après tant d’années, remisé en silence, avec la poussière, les araignées. Avec seule réponse que l’écho de mon pourquoi. Je respire, péniblement, je souffre, abondamment, en silence, avec le bruit de chaque touche que je touche. Qu’ai-je fait pour passer au trou? J’y contemple la pierre, en m’y inventant de nouveaux repères.





Chute

30 03 2016

J’ai amorti ma chute à coup de shots, de verres, de bières. Juste pour oublier, un soir, puis un autre, puis encore un autre. Je suis devenu expert aux dés, je n’ai encore jamais perdu, ça ne fait pas de moi un champion, mais une âme bien triste qui tente de noyer sa peine. Ç’a fonctionné un instant, pas longtemps, on se réveille toujours avec la tête lourde et le coeur à l’envers. J’ai plus l’âge que j’avais. Le corps qui vieillit à coup de mauvais calembour. L’esprit qui faiblit quand se pointe le lever du jour. Le temps qui a passé n’a rien changé, pas encore du moins. Je dirais même qu’il fait plus mal encore qu’hier, qu’avant. J’ai tenté de me souvenir de tes mots, de tes silences, quelle en était la différence. J’ai fait du bruit, simplement pour enterrer celui qui gronde sans cesse dans ma tête, m’expliquant pourquoi d’une façon toujours aussi farfelue chaque fois. Je me suis demandé si tu étais triste, si depuis le temps tu m’avais oublié, effacé, à jamais, déjà. Je n’ai pas eu de réponse là non plus. Suis-je mort quelque part en toi, suis-je trop con pour continuer ma route et faire comme si rien n’était vraiment arriver? Mes pensées chavirent mon âme en peine, je ne me concentre plus, j’en suis incapable. Je me laisse divaguer cent fois, jusqu’à ce que le sommeil me gagne, un court instant. Maintenant sobre, je fais face à la vie, rien n’est clair, mais il semble qu’oublié quelque chose que l’on ne sait pas soit assez simple. Je regarde le plancher s’approcher de mon visage, comme au ralenti, comme si ça faisait des lunes que je tombais. Comme si tu m’avais poussé, depuis longtemps, depuis le début, en bas de moi, juste alors que je tombais sur toi.